C’est toi la môme BEAUTÉ

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Je parais plus jeune que mon âge et s’il fallait trouver des coupables, il faudrait jeter un coup d’œil du côté des gènes de ma mère. Elle a dû tout me donner à la naissance pour ne rien laisser à mes sœurs, qui, elles, paraissent leurs années voire plus.


 








 


Quand j’étais petite, ce n’était pas flagrant même si le fait de ressembler à un moustique tout fragile avait tendance à me faire passer pour une petite chose sans défense. Ça m’embêtait  moyen à 6 ans, mais quand j’ai commencé à préciser que j’avais 7 ans ET DEMI, le moustique a voulu se la jouer rebelle.


 


C’est connu, ce qui est mini a tendance à se penser maxi, je voulais grimper sur des montagnes d’histoires bien trop grandes pour moi, et en général, ça se finissait mal. Quand j’ai eu 16 ans, j’avais la tête d’une pré-ado. A 20 ans, on m’en donnait 15. A 24 ans, c’est devenu franchement barbant d’avoir l’air d’une môme de 18.


 


Paraître plus jeune que son âge, c’est perdre une certaine crédibilité face à son auditoire, alors qu’on est déjà adulte depuis un petit moment. Il y a des phrases qu’on doit répéter haut et fort, bien appuyer sur des mots, utiliser un vocable qui fait paraître plus érudit que l’âge qu’on nous donne.


 


On est obligé aussi de soigner sa tenue en conséquence, de ne pas porter de baskets, parce qu’apparemment la vingtaine est un cap au-delà duquel on ne porte que des talons. Ne plus se maquiller comme une gamine, ni avoir l’air trop apprêtée. Lire du Truman Capote et non pas Harry Potter dans le tram. Bannir les machins à paillettes, et les phrases du style « haha, il déchire ton fute, mec ». Toujours avoir l’air classe, mais pas trop, un air détendu mais un peu coincé quand même.


 








 


Parce que ça devient presque une nécessité, ce besoin de s’affirmer. Une volonté qui est pourtant souvent contrebalancée par ce plaisir de rester jeune. Il ne faut pas se leurrer, dans tout ce micmac de frustrations, il existe une partie de moi qui aime qu’on lui dise que les années n’ont pas encore de prise, que j’ai un bonus par rapport aux autres.


 


J’en joue parfois, je suis tantôt jouette, tantôt carrément loque. Je rentrais gratuitement au Louvre, JADIS, alors que j’avais bien dépassé l’âge limite pour pouvoir profiter de ça. Je plais aussi bien plus aux garçons plus jeunes que moi.


 


Ce qui pourrait me flatter/servir si j’étais une cougar avant l’heure, ou un peu mentalement retardée, mais qui a plutôt tendance à me désespérer. On a beau me dire qu’avec un cadeau pareil de la nature, je ne devrais même pas faire ma ronchon, que l’on me voit comme quelqu’un d’à peine majeur et qui viendrait seulement de décrocher son bac ne devrait pas m’offenser. Que tout ce temps qui ne se voit pas, c’est autant de minutes et d’heures gagnées pour plus tard. Pourtant, je reste sceptique quant à la réelle utilité de ce présent maternel.


 


Parce qu’à part coller aux codes de beautés actuels, à savoir « préserver votre jeunesse de manière éternelle », ce dont je me contrefous, il n’y a pas un seul moment dans ma vie dont mon manque de maturité physique pourrait profiter. J’ai pourtant tous les attributs d’une femme, le porte-monnaie qui va avec, des cheveux coiffés, et pas une touche de gloss rose fuschia sur les lèvres. Je marche normalement, je n’ai plus d’appareil dentaire pour gâcher la vue, ni de macro-globes quand je mets mes lunettes de binoclarde.


 


Mais c’est comme une ritournelle, j’ai une tête de môme, un peu coincée entre deux temps, je m’y fait tu sais, même si ça fait long le voyage. Il y a des jours qui durent longtemps, où les gens restent accrochés à mon visage sans croire à mes mots quand je leur dis que j’ai plus de vingt ans. A penser que mes petites sœurs sont en fait les plus grandes de la famille, alors que j’ai tous les arguments pour prouver le contraire.


 


Ah tu sais dans ces cas-là, il n’y a rien à faire. Juste attendre que ça passe.


 
 


Article rédigé par Rose Cocoon.



 
 


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