Quand on n’arrive pas à voir ce qu’on a sous le nez BEAUTÉ

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A 18 ans, j’allais boire un verre à la pause et écrire mes partitions dans le même petit café, à vingt mètres de mon école, presque tous les lundis.  Premièrement parce que ce café était confortable, mais aussi parce que le serveur était très séduisant.


 


J’y sortais également le week-end, avant d’aller en boîte une rue plus haut. Boîte que le serveur séduisant fréquentait aussi, ce qui pouvait aisément me laisser penser qu’il appréciait le rock’n'roll et le métal. Je savais aussi que j’avais vu sa tête dans la petite ville d’où je viens, donc qu’on avait certainement un petit nombre de connaissances communes et surtout, je savais qu’il était guitariste dans un groupe local que j’aimais bien. Au vernissage d’un de leurs albums, en loge (le pote de toujours bossait pour eux en régie), on nous avait même présentés.


 


Un jour, plus tard, (sûrement ivre morte avec un look de punk à faire peur), j’ai tenté de lui adresser la parole. Je ne me rappelle pas de grand chose, seulement qu’il m’avait envoyé balader et que la sensation passablement désagréable d’être invisible m’avait transpercée. Nada. Le fait qu’on ait été présentés, rien à foutre, il ne devait même pas m’avoir vue.


 


Forcément, comment une punkette d’à peine 20 ans peut séduire un mec plus âgé qui pourrait facilement se taper la nana la plus belle de la boîte. Raté, je fantasmerai en silence, ça ne tue personne un peu de frustration.


 


A 22 ans, quand au détour d’une conversation avec des potes de Gros Connard j’ai compris qu’ils parlaient de ce mec, j’ai tendu l’oreille. Pour apprendre que c’était le grand frère d’un pote présent. Merci. J’ai eu le loisir d’apprendre qu’il était désagréable, lunatique, coincé, asocial, qu’ils doutaient de son orientation sexuelle et qu’ils se fichaient passablement de sa gueule chaque fois qu’ils allaient au bord du lac, au chalet du pote de Gros Connard.


 


Je l’y ai vu, à ce chalet. Deux fois. La première, il n’a pas calculé grand monde, n’a presque pas ouvert la bouche de la soirée et a fini par se retirer lire dans son coin. OK. Langues de pute, certes, mais peut-être réalistes, au final.


 


La deuxième, c’était au printemps passé. Pendant que je faisais la vaisselle, Gros Connard est venu me dire qu’il fallait que j’arrête d’être autant expansive et bavarde et que j’arrête de parler de notre prochain voyage avec un de ses potes (et des histoires de cœur de son pote) parce que ça agaçait tout le monde, particulièrement le grand frère présent qui venait de me traiter de conne.


 


Là, le cumul des choses m’a clairement fait me dire « OK, ce mec est un nul ». J’ai fermé ma gueule le reste de la soirée et je ne l’ai plus revu, m’étant fait larguer un mois plus tard. Heureusement, entre ma rupture et ce début de printemps, j’ai appris à voir tous les mensonges dilués au fil des années qui me pourrissaient la vie et l’esprit, j’ai appris à me méfier de tout ce que je croyais savoir, sachant que tout venait de la même source, Gros Connard. J’ai passé mon hiver à écumer les bars et les boîtes.


 


Mes jeudis, vendredis et samedis étaient tous éthyliques et j’accumulais les rencontres d’un soir, les plans culs, les dragueurs, les délires, les aventures. Je me suis amusée, je me suis démolie, mais je ne savais pas comment réagir autrement. L’homme que je voulais était une aventure de vacances à l’autre bout de la planète et les autres me laissaient tous impassible, froide, méfiante, joueuse et prête uniquement à une partie de jambe en l’air.


 


Sauf que, vendredi au début du mois, de nouveau de sortie seule, une de mes aventures mixait dans une boîte, j’avais envie de me bourrer la gueule. J’ai passé la soirée à siffler du whisky, croisé des connaissances, bien déliré et à la fermeture et je me suis retrouvée devant la boîte, ayant perdu les seuls potes que j’avais sous la main.


 


Là, passablement ivre, seule, en mini-jupe-talon-dos nus, je suis plantée à me demander comment je rentre ou quel amant j’appelle. Je cherche encore une fois des yeux les potes qui étaient là à peine 10 minutes plus tôt et à 2 mètres de moi, je vois le grand frère du pote de Gros Connard qui discute avec un type. Je prends mon courage à 50 mains (et 4 verres de whisky) et vais le saluer : « Ciao, t’es bien le frère de machin, tu te rappelles de moi, je suis l’ex de truc ? T’aurais pas envie d’aller boire un verre plus loin ? ».


 


Le verre plus loin nous a conduit chez moi et depuis, je ne sais plus trop où sont mes pieds, ni ma tête et encore moins mes pensées. Surtout mes pensées. Moi qui croyais ne plus pouvoir ressentir quoi que ce soit pour qui que ce soit, je me ramasse en pleine poire la plus stupéfiante des rencontres. La dernière personne dont je pouvais penser tomber amoureuse et surtout, la seule à qui j’étais absolument persuadée de ne pas plaire.


 


Comme quoi…


 


Article rédigé par Lala Lala.


 


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