Je suis quelqu’un de frileux. C’est un fait avéré depuis des millénaires – voire un peu moins – et les répercussions sont assez désagréables : ma peau se transforme en papier de verre, mon visage rougit, et le pire ce sont les spasmes incontrôlables qui m’agitent dès qu’un vent un peu froid souffle sur moi. Tu me diras, je déteste aussi la chaleur. Mes aisselles adooorent surchauffer dès qu’un rayon un peu trop tiède est dardé sur moi, et puis je prends des airs d’hippopotame dès que les températures frisent le trente à l’ombre. En un mot comme en cent, je suis pé-ni-ble. Mais, et c’est tout l’intérêt de la chose, j’adore l’hiver. Laissez-moi juste vous expliquer pourquoi.
Quand j’étais vraiment petite, tous les dimanches avaient la même saveur. Le matin, je voyais ma mère s’affairer tandis que mon père bricolait dans un coin. Schéma aussi classique que contemporain finalement, et l’essentiel était que chacun y trouve son compte. Mes sœurs batifolaient à droite à gauche, quand elles ne larvaient pas devant les premiers épisodes des Simpson. Ensuite venait le repas du midi : toujours plus riche que les autres, toujours plus copieux. Souvent ma grand-mère se joignait à nous pour le weekend, et parfois on mangeait de délicieux tajines. Les autres fois, c’était un poulet rôti, et une tarte aux pommes. Tiède, douce, et sucrée.
Mais voilà, c’est là que le schéma varie lorsque vient l’hiver. Le poulet se transforme en raclettes, en généreuses choucroutes, en fondantes fondues. L’estomac est un peu plus lourd et les rires, eh bien les rires sont aussi heureux qu’à l’ordinaire. Alors après, pour digérer et regarder le temps qui passe, on allume un feu, chacun se love dans un coin du salon et un album de musique classique démarre.
Voilà où commence l’hiver que j’aime. C’est là, dans ce cocon empli de gens qui me sont chers, qu’il prend ses racines. Et, peut-être est-ce la digestion qui ralentit nos gestes, mais tout me semble plus doux, plus simple, plus confortable. Les heures s’égrènent et dans le ciel, la lumière décline doucement. Alors vient le moment d’allumer les innombrables lampes, dépareillées, qui donnent son charme au grand salon. Et, même si nous gardons nos écrans à portée de main, le sentiment de partager quelque chose est bien présent.
C’est sûrement ce souvenir-là, encore riche de couleurs et d’odeurs, qui a façonné les dimanches que je passe désormais. Avec l’Homme, dans un cocon bien plus petit, mais bien à nous. Habillé de bois clair et de guirlandes lumineuses. L’hiver que j’aime, c’est celui que je passe sous un immense plaid vert, une tasse de thé brûlant dans les mains, le ronronnement de la télévision un peu moins fort qu’à l’ordinaire. C’est celui qui me rappelle que dehors il fait froid. Je sais que demain, il faudra sûrement gratter le pare-brise de ma cacahuète, alors j’aurai froid et mal aux mains. Mais pour le moment, là, tout ceci importe bien peu. Dans l’hiver que j’aime, une fine pellicule de glace recouvre tout et fait scintiller l’ordinaire. La nature se met le plus simplement du monde au ralenti, et nous faisons de même. Exactement comme quand résonnaient les canons de Pachelbel, comme quand crépitait le bois brûlant, comme quand j’étais vraiment petite.
Et vous, les frileuses et les moins frileuses, comment vous l’aimez cet hiver ?
Article rédigé par No Surrender.
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