People by night BEAUTÉ

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Tous ces regards croisés au hasard des soirées. Ceux qui fuient, ceux qui fouillent, ceux qui fixent, ceux qui déshabillent. Espoir et solitude, gravés dans des paires d’yeux. Tu brilles en chemise noire et du haut de ta quarantaine, tu fais subtilement péter ton charisme clinquant. Derrière ton air décontracté, tu as l’exigence de celui en quête d’un idéal. Tu t’immisces dans la masse en souriant, un poing dans la poche, mais ton regard vagabonde. Tu aimes les femmes sophistiquées, du type princesse inaccessible terriblement féminine ou grande bourgeoise faussement libérée. Tu as tout l’air d’un éternel célibataire. Tu parles tant mais au final tu ne dis rien. Tu écrases comme un mégot le grand timide.


 


Très cher courant d’air, si seul dans la foule, tu te débats avec tes phrases hésitantes, trop vacillantes pour être convaincantes. Tu es si grand et tu ne sais que faire de ton corps qui t’encombre et occupe trop d’espace. Ta voix monotone semble s’excuser, chuchoter « Je ne suis pas très intéressant ». Ton regard légèrement fuyant, doucement triste, te trahit : tu sais d’avance que tu n’auras pas le temps. Personne ne te voit disparaître, happé, bousculé, écarté par celui qui crie plus fort que la musique.


 


Enchanté l’arbre à palabres, toi qui n’aimes pas les blancs. Tu t’empresses de tous les remplir avec tout ce qui te traverses l’esprit. Plus tard, à l’autre bout de la nuit,  tu regrettes d’en avoir trop dit, à tous ces inconnus que tu as pris pour amis. Mais parce que tu tolères les faiblesses d’autrui, tu as tout de l’ami qu’on veut tous. Tu ne plisses pas le nez devant l’altérité : tu salues la paumée, l’écorché vif, le balafré et l’excentrique sans sourciller.


 


Petite allumée allumeuse, tu n’es vraiment pas peureuse. Tu fais si mal semblant d’être heureuse. Avec tes yeux qui lèchent, tes phrases alcoolisées, ton enthousiasme forcé et ta manière de fumer avec jeux de bouche et mine inspirée, tu fais un peu de la peine. Tu t’imposes comme une reine et fais régner un silence gêné. Mais personne ne t’en veux, il y en a même qui jouent le jeu. Et tu te cherches des points communs avec tout un chacun, si lassée de ta vie d’esseulée. Mais face au manque d’indulgence, tu flétris puis tu fuis.


 


Monsieur cadre au carré, tu te frayes un passage avec un cutter. « Et toi, t’es dans quoi ? » demandes-tu en reniflant, bras croisés sur ta poitrine, l’œil qui flirte avec ta montre. Jugements éclairs, avis cinglants : en roi de la conclusion hâtive, tu ne pousses pas l’analyse. Ton agressivité n’est qu’une déclinaison de ton insécurité et la conséquence d’un manque de personnalité.


 


Tous ces regards nocturnes, tous ces gens ne veulent pas la lune.


 


All the lonely people, where do they all come from ?


All the lonely people, where do they all belong ?


 


Copyright photo : Patrick Poupart


 


Article rédigé par Petite Voix Off



 
 


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