Comme pour certaines familles, la smala se réunit régulièrement pour les « imposées » (chez nous, ce sont : Noël, les Rameaux, Pâques, Ascension, 14 juillet, 15 août, 1er Novembre et 11 novembre) et les « libres » (anniversaires de Tante Gertrude, Cousin Aloi, enterrements, célébrations, mariages divers et autres joyeusetés).
Lors des rassemblements dits « libres », la journée n’est centrée que sur un individu qui va absorber tous les regards, réflexions et autres commentaires et, par là même, décharger les autres des joutes oratoires et des mortifications familiales.
Par contre, lors des « imposées », la smala est formellement en ordre de bataille et se déplace comme un seul homme. De l’extérieur, vous pouvez distinguer clairement l’unité, l’organisation, la dextérité de chacun, la symbiose de l’ensemble, bref, le côté « perfection » qui nous sied…
Oui, alors, là, je vous arrête tout de suite : petit un la perfection n’existe pas, petit deux et sûrement pas dans la famille. De l’intérieur…. No comment.
En période « imposées », tout repose sur la pintade de service (en l’occurrence, et au choix, bibi ou tante dinde) qui organise, gère, planifie et ordonne tout, en s’exposant, évidemment, à l’opprobre de l’ensemble de la maisonnée.
En outre, quand tout le monde est réuni, vous avez des multiples occasions de voir voler en éclats les non-dits accumulés depuis des siècles.
L’organisation est simple : On suit scrupuleusement le tableau noir où est indiqué : prénom, tâche à accomplir, avec qui, où et surtout, heure limite de rendu. Oui, cela paraît un peu militaire, mais quand vous aurez un aperçu des forces en présence, vous comprendrez le bien-fondé d’un agencement stratégique.
Bon, vous connaissez déjà : Un (et sa propension à la ramener quand il ne le faudrait pas et son lien étroit et indéfectible avec son iPhone), Deux (et sa légèreté dans tous les domaines, ses crises d’hystéries et son côté It-Girl), Trois (Trois, quoi ! Scout toujours, rebelle sans cause, avec un amour immodéré pour les animaux et un côté Caliméro magnifique) et Quatre (grande chose filiforme, amorphe, légèrement rebelle, collé à toute technologie du 21e siècle, avec un talent de leader despotique insoupçonné).
Je ne vous présente pas Bibi non plus (Princesse rebelle en chef, Grand organisateur devant l’Eternel – qui refuse de la récupérer avant l’heure dite, histoire de ne pas trop mettre la pagaille là-haut !-, grande collectionneuse de papiers, bouquins et autres nids à poussière, auteur névrosé, photographe patient, un MP3 collé aux oreilles et j’en passe !).
Voici, en introduction de la rubrique « Les aventures de la Smala », quelques spécimens récurrents :
- Suprême : entre autres … géniteur de bibi (entre autres aussi !) et ex-époux de Trois. Un être capable de lire en latin cinq cents pages sur la « Gaule Romaine » tout en pestant sur le fait que la « Gaule Romaine, c’est une invention de ces cons d’historiens » (pique pour Bibi au passage !), de régenter l’ensemble de la maison en deux répliques digne d’Audiard, de tenir en haleine cinq heures durant l’assemblée sur un sujet historique et de cuisiner pour quinze personnes avec les trois merdes du frigo. Aussi connu pour sa propension aux blagues qui ne font rire que lui et sa façon de faire râler (hurler ?) Un.
- Tante Dinde : comme son nom ne l’indique pas, Tante Dinde ne fait pas partie de la famille proche. Elle a épousé, lors du 20e siècle, un membre éminent de la Smala et, lors de son divorce, cette dernière s’est rangée à ses côtés. L’introduction d’une dinde dans le poulailler ! Tante Dinde est sympathique, drôle, toujours prête à aider, souriante, aimable et surtout obéissante. Bref, une bien belle acquisition familiale !
- Grande Tante Augustine (GAT pour les intimes) : Autant vous le dire tout de suite, personne ne moufte quand la GAT parle. Petit un, parce qu’elle est inaudible (dû à son très grande âge), petit deux, parce qu’elle a une tendance à laisser en suspens la fin des phrases (un genre de jeu à la Motus !), et petit trois, par respect, merdus ! GAT est aussi la seule à avoir connu toutes les personnes présentes dans les albums photos du 20e siècle (quand sa mémoire veut bien marcher) ! Respect bis ! Côté caractère, c’est un peu un doberman croisé avec la hargne d’un teckel à poils durs…
- Cousine Pétunia : la drôlerie à l’état pur. Un concentré de Lady anglaise, de Jane Birkin (pour l’allure), de Jane Austen (pour son célibat), d’Annie Cordy (pour sa voix et ses interprétations lyriques) et de joie de vivre. Cousine Pétunia, c’est le rayon de soleil de la maison. Elle ouvre les yeux le matin et tout s’illumine (j’ai dit, tout, pas tous !)
- Cousine et Cousin « FlowerPower » : ces deux-là ne sont jamais pressés, jamais anxieux, jamais énervés, et surtout, toujours insupportables collés l’un à l’autre, à se bécoter devant tout le monde, et, ce, depuis le début de la journée. Ils passent systématiquement la moitié du temps dans le jardin à contempler les papillons et les « jolies bestioles ». Deux grands enfants affublés d’un cas spécial :
- Lord of the Rings : fils unique, vénéré, affublé d’un nom insupportable (Chilpéric ; les noms historiques chez nous, c’est d’un commun !), d’une intelligence qui touche au sublime, le nez constamment plongé dans les livres, les iPads et autres outils technologiques qu’il maîtrise à la perfection (et pour laquelle Quatre lui voue une dévotion héroïque), Lord of the Rings (qui ressemble étrangement à Gollum, d’où le surnom) est aussi l’être le plus atone de la smala. Un croisement improbable entre Einstein et Rantanplan.
- Cinq et demi : l’ex-futur-ex-futur moitié de Bibi qui traîne toujours dans le coin, car adopté depuis des lustres par la smala, qui s’incruste à chaque évènement familial et qui organise des parties de cricket sur le gazon familial avec le secret espoir qu’un jour le maillet ne lui arrive pas dessus quand Lord of the Rings entend expliquer les règles « fondamentales » de ce jeu « ancestral ». A aussi eu l’idée fumeuse de graver une dalle du jardin avec un grand « bibi forever » qui provoque l’hilarité géniale de chaque invité !
- Cousin Edmond : L’archétype du snob, qui arrive avec son assistante, son chauffeur, son siège pliant, sa théière, son thé en vrac, son café, ses biscuits pour cinq heures, son plaid, son chien tout pourri et rikiki et surtout avec cette mauvaise foi mondiale qui fait rire toute la tablée. Un repas sans Edmond, c’est un déjeuner sans pain, sans vin, sans Boursin®… De nature peu expansive, il lui arrive de ne pas parler pendant des jours. Un bonheur lors de certains tête-à-tête matinaux.
Evidemment, gravent autour de ce noyau les frères, sœurs, cousins, cousines et autres tantes, oncles et affiliés (ex, futur) de chacun des personnages ci-dessus évoqués.
Alors, quand vous rajoutez à cela les animaux, les petits manies, les crises de nerfs, les plans de table, les menus à organiser, les courses à faire, le ménage, la répartition des chambres, les moqueries, les vexations, les humiliations familiales, les grandes déclarations d’amour (oui, enfin, un simple « ça va, toi ? Hein ? », c’est déjà de l’ordre de la déclaration enflammée chez nous !) et, autres bisous dans le cou des FlowerPower, vous pouvez aisément comprendre que la smala va vous tenir compagnie pendant quelques temps…
Si vous le voulez bien !
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