J’ai testé pour vous… perdre un être cher #3 BEAUTÉ

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La dernière fois, je vous avais expliqué plus en détail ce qu’on éprouve pendant cette longue période « post-deuil » – c’est-à-dire, grosso modo, le nombre d’années qui vous restent à vivre avant de vous transformer vous aussi  en poussière.


 


Si vous vous souvenez bien, je vous avais parlé des raisons pour lesquelles on reste plus ou moins sans défense face aux crises (de larmes, de dépression, d’abattement) qui nous assaillent… Comme vous vous en doutez, de telles « bonnes » surprises modifient quelque peu votre vision des choses, votre comportement et vos habitudes de vie. Même les plus enjoués et positifs deviennent paradoxaux, lunatiques et limite schizophrènes à leurs heures perdues… C’est que ce n’est pas facile à gérer sereinement une horde d’attaques éclairs. Elles sont finaudes, camouflées, vicieuses et kamikazes. Elles n’ont rien à perdre et n’abandonnent jamais. En effet, elles sont pires, en quelque sorte, que les cellules cancéreuses car il n’y a absolument aucun traitement.


 


Bon, vous l’avez compris, ce n’est pas joli, joli tout ça. Le cœur déchiré, la santé mentale griffée, l’insouciance cassée, il en serait peut-être différemment si on pouvait non pas mettre des mots sur ces sentiments, cet état, ce trouble mais les hurler au monde, pour qu’il comprenne… Tout serait peut-être plus clair si on pouvait nommer ces pieds sur lesquels on ne sait plus danser. Mais on sait bien que c’est inutile de l’évoquer, sa peine ; que c’est inutile le crier, son désespoir. Inutile parce que la douleur, la vraie douleur, n’existe qu’en raison de son inhérente « non partageabilité ». D’où le silence…


 


Oui. Quand on se rend compte que non seulement en parler n’apaise pas mais qu’en plus ça engendre tension, gène et remuage de couteau dans la plaie, après mûre réflexion, on se dit qu’il vaut peut-être mieux se taire…


 


On pensait qu’on pourrait en parler avec ses meilleurs amis ? Même eux se sentent mal à l’aise et gêné vis-à-vis de vos histoires. Proches et affectueux, leur indéniable envie de vous voir bien leur intime d’inlassablement se casser la tête sur ce qu’il ne vaut mieux pas aborder et sur la manière dont ils peuvent vous aider à « remonter la pente ». Les potes ne sont que gène et auraient probablement préféré que vous n’abordiez pas le sujet, raison pour laquelle vous vous mordez les doigts. La famille ? Elle montre les crocs en répétant invariablement que vous devez vous battre et ne jamais vous laisser abattre. Que tout le monde est dans la même galère et que de se plaindre on ne peut se permettre. Quant à vos compagnons d’infortune, ceux qui eux aussi étaient liés au défunt,  les seuls qui pourraient vraiment vous comprendre et partager votre désarroi, vous avez, généralement, bien trop peur de remuer leur proche couteau pour oser aborder le sujet…


 


Au silence s’ajoute aussi l’omission. Car jamais ce ne pourra être une information divulguée à la première rencontre. Même si tout votre corps crie à l’abandon et à l’injustice, vos lèvres soigneusement éviteront les mots : « j’ai perdu quelqu’un et je ne m’en suis jamais vraiment remise ».  Et puis à l’omission le mensonge. Car les regards apitoyés, vous ne pouvez plus les supporter. Vous décidez donc de vous composer un masque de dédramatisation pour les rares occasions où vous serez contraints d’en parler… pour mieux vous enfermer… vous renfermer. Et étouffer cette voix qui hurle toujours en vous, qui tape, qui crie, qui pleure et qui vous empoisonne, jour après jour, nuit après nuit.


 


Parce qu’il n’y a rien d’autre à faire et que si la vie continue, vous aussi….


 


Article rédigé par Naira



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