Dis-moi quel gâteau tu prépares et je te dirai qui tu es : petit traité de psycho-pâtisserie BEAUTÉ

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A chaque réunion de parents d’élèves, fête de l’école, anniversaire, je suis confrontée au même questionnement existentiel : quel gâteau vais-je donc bien pouvoir préparer ? Parce que, sans jugement de valeur, les gâteaux sont un peu comme les chaussures ou les chiens, ils en disent toujours très long sur leurs propriétaires.


 


Soucieuse, donc, de modeler pâte à mon image, je me concentre à chaque fois très sérieusement sur une douceur à laquelle j’aimerais ressembler : raffinée, gourmande, originale, belle, intelligente, pleine d’humour… bref :



- je feuillette mon classeur à gâteaux – oui, j’ai un classeur à gâteaux, plein de recettes de gâteaux, qu’il m’arrive de compulser alors même qu’il n’y a pas de concours du plus beau gâteau à l’horizon… au goûter, pour le plaisir des yeux, comme d’autres reluqueraient des voitures inabordables ou des escarpins hors de prix… et après, je suis rassasiée ;


- j’épluche mes bouquins de cuisine – ceux avec les belles photos, me laissant délibérément duper par le stylisme culinaire, ses couleurs improbables et ses formes irréalisables ;


- puis je réalise une pré-sélection.



 


Après quelques jours de repos – sous un linge propre, dans un endroit sec mais tempéré, je passe à la délicate étape du choix.


 



Si j’envisage à chaque fois de m’y attaquer, un éclair (au chocolat) de lucidité me fait éliminer quasi d’emblée les grands classiques du genre fraisiers, mille-feuilles, opéra… qui ne seront jamais meilleurs que préparés par des professionnels, soyons réalistes. Et comme j’ai décidé d’enrayer la spirale infernale du “gâteau raté”, je ne me lance pas à l’assaut de ces sommets-là…  Explication : il paraît qu’il y aurait de l’hérédité en psychologie, je peux vous dire qu’en pâtisserie, c’est avéré… le gâteau raté, c’est un concept qu’on se transmet de génération en génération dans ma famille : “tiens, j’ai apporté un gâteau, mais il est brûlé/déstructuré/pas démoulé/je ne suis pas sûre qu’il soit bon…” (ça marche aussi avec les cadeaux : “tiens, je t’ai apporté un cadeau, mais je ne pense pas qu’il te plaira…” ). Tout ça pour qu’on s’attende au pire et, finalement étonné que le gâteau soit mangeable, qu’on finisse même par le trouver bon. Mais je fais de mon mieux pour lutter contre le déterminisme…


 


On oublie malheureusement aussi le baba au rhum : une mère qui propose un gâteau imbibé d’alcool à des enfants de moins de 10 ans, niveau image, c’est pas terrible…


 


Par nostalgie pour mes années british, je suis toujours tentée par les cheese-cakes, millionnaire shortbread et autres légèretés aux accents pop, mais l’année dernière, l’accueil réservé à mon carrot-cake fut une bien cuisante leçon. Il y avait ceux que la carotte en dessert n’emballait pas du tout, et celles dont le regard trahissait la méfiance : “Comment elle se la joue, la nouvelle, genre j’ai vécu à l’étranger et je fais étalage de ma culture hybride… elle se sent même obligée de prononcer le nom du gâteau avec l’accent anglais la pétasse, non mais elle va redescendre de Big Ben vite fait, tu vas voir…” En réel processus d’intégration dans une nouvelle communauté, je renonce donc – pour le moment – aux recettes exotiques.


 


Restent l’indétrônable gâteau au chocolat (trop facile ! Pourquoi ne pas carrément payer les enfants pour qu’ils disent partout que vous êtes la Maman la plus sympa…) ;  les tartes (pour ce qui est de l’image que l’on renvoie, le nom parle de lui-même) ; les gâteaux roulés (un tantinet rétro, tendance cuisine de grand-mère qui n’est pas pour me déplaire) ; ou le gâteau au yaourt (mouais… j’ai un peu de mal à m’identifier).


 



Fortes de toutes ces réflexions, pour les 5 ans de N°2, je pensais avoir trouvé le bon compromis, populaire mais pas courant, rigolo, coloré : des muffins aux smarties, des roses des sables et un gâteau poire-carambar. J’entends encore ma fille raconter le goûter à ses mamies au téléphone: “oui, oui, Maman avait fait un gâteau, mais non, non, il était pas bon” Trop concentrée sur l’enjeu, j’en avais juste oublié qu’elle n’aimait pas le caramel… Hypothèse psycho-pâtissière confirmée, mes gâteaux me ressemblent : pleins d’idéaux et de grandes ambitions, mais un peu éloignés de la réalité des choses ; je vous laisse imaginer la gueule de mes pompes…



 


Article rédigé par Ma vraie vie de MAF.


 
 


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