Amie, donne-nous ton verdict BEAUTÉ

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Ça peut être dangereux un couple d’amis. Surtout quand le couple bat de l’aile, qu’il se noie en traître, s’enterrant subtilement un peu plus à chaque coup dur, coup bas, coup fourré. Le couple d’amis, ce sont deux amis indissociables : pensez à l’un, pensez à l’autre et vice-versa. Un couple d’amis se désagrège, et ce sont deux amitiés qu’il faut réinventer. Et trop souvent, l’une grandit, laissant s’éteindre l’autre. Parce ce que malgré vous, vous avez pris parti. Où vous a-t-on sommé de prendre parti ? Vous avez choisi à reculons, vous avez chuchoté votre verdict, et c’est à contrecœur que vous admis l’existence d’un gagnant et d’un perdant. Sans quoi l’amitié toute entière mourrait avec le couple.


 


Elle a progressivement déversé sur vous, se libérant dans sa douleur de sa pudeur, une effroyable quantité de griefs. Elle se délestait de son fardeau qu’elle vous faisait à votre tour porter, vous privant de votre tranquille ignorance. Et son flot de paroles ne semblait que hurler, supplier « Tu vois ? Tu vois comme elles sont lourdes, mes casseroles ? ». Et vous acquiesciez en silence, écrasée par trop de révélations, toute cette souffrance accumulée. Elle réveillait en vous quelques souvenirs vaguement tranchants, vous vous recroquevilliez face au flash agressif de déjà vécu. Vous vous identifiez alors, vous vous indigniez avec elle, plongeant dans sa vie boueuse comme vous auriez suivi l’héroïne d’un roman qui vous ressemblait. L’écouter, la comprendre, la conseiller en complice idéale. Puis vous releviez la tête, un peu honteuse. Vous aviez cédé à la partialité, oubliant que pendant tout ce temps, elle n’avait cessé de parler de lui. Lui, sa moitié reniée, votre ami. L’ami qui réveillait la colère et faisait couler les larmes de votre amie.


 


Il ne s’ouvrait que difficilement, avec la résistance d’une porte rouillée, ne vous livrant que des bribes d’informations, qu’il voulait objectives, tant il souhaitait occulter ses émotions. Il tentait d’exposer des faits comme l’aurait fait un journaliste, mais seul jaillissait du ressenti, du sentiment, du ressentiment.  C’était un labyrinthe de phrases décousues, ponctuées de reproches, d’amers regrets. C’était aussi un aveu d’impuissance face à un amour qui s’enfuyait ventre à terre et qu’il pourchassait, hagard, dans l’espoir de le rattraper, le dorloter, l’accompagner dans sa convalescence. Juge malhabile, arbitrairement désigné, vous écoutiez un second témoignage. Confronter les données, comparer, évaluer, attribuer une note sur une échelle du moins pire au pire. Vous luttiez désespérément pour retrouver votre confortable place d’amie. On vous suppliait de trancher, de vous faire l’avocate de l’un ou de l’autre. Vous étiez empêtrée dans le malaise d’un enfant à qui on demanderait sur un ton mielleux : « Tu préfères habiter avec papa ou avec maman ? »


 


Vous avez lâché un ami pour ne pas perdre une amie. Vous les avez maudits de vous avoir traînée en justice.


 


Article rédigé par Petite Voix Off



 
 


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