Quand tu approches de la trentaine et que tu deviens tout à coup célibataire alors que la quasi-totalité de tes copines en sont déjà au deuxième lardon, tu te plonges dans un nouveau monde, un monde qui va t’ouvrir bien des portes (et pas toujours des plus agréables si tu vois ce que je veux dire…).
Dans un premier temps, tu te délectes de la situation : ce grand lit pour toi toute seule, certes froid… mais enfin, on n’a pas inventé les couvertures chauffantes pour les pingouins, ce silence exquis (souviens toi des longues heures où Monsieur jouait de la guitare, tu sais le même accord maintes et maintes fois répété parce que « même Mozart a dû bosser dur pour être le génie qu’on connaît ») et enfin et surtout ce petit goût de liberté qui n’a pas son pareil….
A toi les heures devant Le bachelor, le plaid en pilou pilou lovant ce corps dans un état de mollesse absolue, les soirs où un bol de Spécial K te fera office de dîner (célibataire mais toujours soucieuse de sa ligne !), les virées à Zara le samedi, les vides greniers le dimanche, les heures passées dans ta baignoire à tester le dernier bain moussant Fraise / noix de macadamia de chut chut pas de marque… la vie quoi !
Alors je sais bien, toi copine qui continue à ramasser les chaussettes dépareillées (et trouées) de ton mâle, tu cries à l’injustice, tu hurles ta détresse : zut, flûte (je précise qu’en vrai ce ne sont pas tout à fait les termes utilisés !), pourquoi je ne peux pas moi aussi goûter à cette légèreté ?
Sois rassurée ma jolie, voici la suite de l’histoire :
D’abord, quand toutes tes copines auront décliné ton invitation du samedi après-midi pour cause de sieste de lardons et grande fatigue de la semaine (pour rappel, le tien de lardon est chez son papa une semaine sur deux), tu ne trouveras pas forcément le courage d’aller dépenser tes derniers euros chez Zara (et puis tu l’as déjà fait les deux dernières semaines, tu connais déjà tous les modèles… c’est d’ailleurs là que tu t’es rendue compte que finalement, le 34 t’était un peu juste…).
Et puis les Spécial K c’est sympa… mais arrivée au vendredi, tu finis par rêver à un vrai repas, un bon steak qui suinte le gras, des frites que tu auras outrageusement salées, un bon morceau de fromage dans du pain frais (la célibataire ne jure que par le pain de mie qui peut durer des semaines… normalement, elle attend même de le voir verdir avant de céder à l’appel de la poubelle) et un bon dessert maison (voire Picard… mmm). Et là, tu te souviens des tartiflettes débordantes de reblochon et de crème fraîche que tu préparais pour chéri chéri à l’époque de.
Autre point non négligeable, certes tu es célibataire (avec enfant, ouf !) mais SURTOUT tu vas avoir 30 ans ! Et ça, ce n’est tout simplement pas acceptable !
Célibataire à 30 ans pour la plupart, c’est une malheureuse à sauver, un défi, une âme en peine qu’il faut à tout prix recaser parce que c’est sûr, on a un super copain à lui présenter, un garçon bien sous tout rapport.
« Tu verras, il a tout pour plaire, il fait un peu vieux garçon comme ça mais il est plein de ressources, je t’assure, tu vas l’A-DORER ! ». Dans la vraie vie (la vie des hasards, des concours de circonstances…), tu as déjà bien du mal à faire ton choix parmi cette foule de garçon en peine d’amour (on est d’accord, je fais ma loveuse là mais quand je dis « d’amour », je pense aussi à bien d’autres choses…).
Bref te voilà donc face à François, bonne connaissance d’une amie (toujours se méfier des amis des amis !), un Perrier citron à la main (ce n’est pas parce que tu es célibataire que tu vas tout à coup aimer le kir royal tant prisé par tes copines). Pas une once de conversation mais des années de frustration visibles dans ce regard de chien battu qui attise davantage ta pitié que ton désir de jeune femme pétillante, vibrante, passionnée… oups je me suis un peu emballée là…
François ne sera donc pas l’Homme et finalement ça n’est pas plus mal. Pour la forme, tu diras quand même à ton amie qu’il était très poli et euh… ponctuel (bah quoi… tu lui as déjà trouvé deux qualités, c’est déjà pas mal non ?).
Outre François, il y aura aussi une petite bande de vautours qui, à l’annonce de ton célibat, multipliera les petites attentions (« tiens c’est marrant je ne savais pas que tu aimais cuisiner, figure-toi que je suis le prince du fondant au chocolat » – non non Messieurs, savoir renverser un sachet de pâte à gâteau dans un saladier n’a jamais fait de vous un cordon bleu !).
Mais avouons-le, même inapproprié, maladroit, dénué de tout romantisme… cet élan d’intérêt fera le bonheur de ton égo qui avait fini par disparaître sous une carapace de tortue de Nouvelle Calédonie.
Certains nous appellent les célibattantes, j’aurais tendance à trouver ça assez réducteur et finalement injuste au vu de toutes ces princesses en couple qui se battent pour réussir là où on a posé sa dem’ sans préavis un jour où…
Pas plus battante qu’une autre donc, il y a même des jours où les armes sont sagement rangées et cette fameuse vulnérabilité à peine cachée… pour peut-être laisser la place à un nouveau chéri-chéri… qui sait ?
Source image : www.lipstickalley.com
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