J’ai le visage rouge. Les cheveux collés sur le front par la sueur. Le souffle court. La vision légèrement troublée. La tête qui tourne. Tout ça et je n’ai même pas eu un orgasme.
Non, j’ai juste repris le sport.
Alors oui, les endorphines sécrétées durant l’effort, c’est bien sympa. Mais non ce n’est pas comparable, arrêtez de me mentir. L’euphorie, le sentiment de liberté, le fait de se défouler et tout ça, c’est des conneries. En tout cas, ça ne compense pas le fait que putain, ça fait foutrement mal partout de se bouger un peu.
Vous l’aurez compris,je déteste le sport. Je déteste tellement le sport que je n’en ai jamais fait. Et que j’ai réussi à me faire dispenser jusqu’à l’épreuve du Bac.
Le sport, je déteste ça et depuis toute petite, à l’école. Il faut dire aussi, que je suis très myope et que je n’ai eu mes premières lunettes qu’à la fin du primaire (parce que personne ne s’était rendu compte que je n’y voyais rien, tout le monde devait être persuadé que j’étais très maladroite et un peu débile de nature. Que voulez-vous, la vie est injuste).
Passez votre enfance à vous prendre des ballons en pleine face parce que vous ne les voyez pas arriver et on va voir si vous kiffez toujours autant le ballon prisonnier. Après ça, une croissance soudaine et paf, du jour au lendemain je passe d’1m60 à 1m75. J’ai le dos en S et une très bonne excuse pour rater les cours d’EPS. Au lieu de ça, je traîne avec les mauvais garçons qui sèchent les cours, on boit des bières et on crapote des mentholés à l’arrière du gymnase (le début de la déchéance). Et de ce que j’en ai aperçu, de loin, derrière nos nuages de fumée, c’était plus sympa que de faire des tours de stade. Moi, je dis ça, je dis rien.
Plus tard, au lycée, on décrète que « c’est parfait, au programme, ce trimestre, c’est natation et il n’y a rien de mieux pour le dos ». Sérieusement ? Il s’est passé quoi dans la tête du gars qui a proposé qu’on impose de la natation, soit un sport où tu es pratiquement à poil, pile au moment où tu te sens le plus mal à l’aise avec ton corps et où tu n’arrives pas à comprendre si Thomas te fait des clins d’oeil parce qu’il t’aime bien ou parce qu’il se fout de ta gueule ?
Ni une, ni deux, je suis retournée chez mon docteur en lui expliquant que « oui j’ai très mal au dos, oui même quand je nage ». N’insistez pas ou je pleure.
Et alors pourquoi, presque 10 ans plus tard (putain de coup de vieux), je voudrais m’infliger, toute seule, comme une grande, ce traumatisme, cette torture qu’est le sport ?
C’est vrai ça, pourquoi ? Je suis horrible quand je fais du sport, c’est pas fait pour moi. Bon d’accord, à part si on est une bitch-volleyeuse, pardon, beach-volleyeuse, personne n’est beau en faisant du sport. Mais moi c’est catastrophique, je transpire par litre, du dos, de la poitrine, du visage (quitte à être trempée, j’aurais dû essayer la piscine), j’ai les cheveux très longs et même avec le plus serré des chignons, en deux minutes de mouvements vaguement intenses, je ressemble à une sorcière, je deviens écarlate, pas les joues roses toutes mignonnes, mais rouge « je suis en train de faire une crise cardiaque », j’ai des plaques violacées qui apparaissent sur la poitrine, sur le cou et sur le visage et en plus, ça démange (j’appelle ça, mon « allergie au sport »). Alors pourquoi ?
Parce que, en décembre dernier, je ne suis cogné la jambe dans le canapé. Quand on est une personne normale on dit « aïe » (et encore) et la vie continue. Quand on est moi, ça donne la rotule qui se barre sur le côté, la jambe qui se tord et deux mois allongée sur ledit canapé (ironie quand tu nous tiens) sans pouvoir marcher.
Donc depuis que je remarche, je me suis dit qu’il fallait quand même bien que je fasse quelque chose, parce qu’éviter d’entrer en collision avec des meubles toute ma vie, de toute façon, je n’y arriverais jamais (je vous ai déjà parlé du fait que je suis myope et un peu débile ?).
Il y a donc ça et le fait, que oui, comme tout le monde, même si je me cache derrière l’excuse médicale, j’aimerais bien pouvoir me la péter un peu cet été sur la plage. Enfin, déjà, si j’arrivais à y aller sans avoir peur au lieu de proposer à la place qu’on aille, au choix, au ciné / faire un BBQ / une promenade à la campagne / une partie de scrabble…
Je ne suis pas grosse, mais parfois, je me dis que putain, heureusement que je mesure 1m75 sinon je serais une boule. Et puis je commence à avoir marre de l’argument, « les filles pulpeuses c’est sexy». C’est sexy en photo, dans les catalogues, habillées façon années 50. Mais si j’ai pas envie de passer ma vie en jupe crayon, talon de 12 et chemisier ouvert sur un beau décolleté. Si j’ai envie de juste porter un short et des baskets, je fais comment ?
Je fais du sport et j’essaie de rendre mon cuissot un peu moins flasque !
Donc depuis peu, je me suis fait un programme, trois fois par semaines, des exercices de gym à faire dans le salon. Un peu d’abdos, un peu de jambes levées dans des positions improbables, et un peu de « ça se voit pas, mais là je contracte à fond mes muscles fessiers ». Je marche 2 km par jour (bon, j’ai pas le permis donc en fait, ça fait une éternité que je marche plus de 2 km par jour) mais là, je le fais à une vitesse soutenue. Et tous les deux jours, un baladeur accroché aux oreilles, je me lance dans la cage d’escalier, et pendant une vingtaine de minutes, je monte et je descends, sur la pointe des pieds ou en appuyant bien sur les talons (il paraît que ça fait travailler les cuisses et les fesses, why not !) en appuyant sur la minuterie toutes les cinq minutes. Oui chers voisins, c’est à cause de moi si les charges en électricité ont doublé !
C’est sûrement pas grande chose pour la fille qui fait un jogging tous les matins, mais pour moi, c’est assez énorme. Et rendez-vous dans quelques semaines pour voir s’il y a du changement !
Article rédigé par La fille H.
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