Fuzati, sa poésie et mes jours de pluie BEAUTÉ

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J’aime l’humour noir, le sarcasme et l’ironie. Fuzati aussi.


 


Je fais partie de ceux qui pensent que, parfois,  le monde n’est pas beau et l’humanité est triste.  Je fais partie de ceux qui trouvent que ce qui est beau, c’est de se rendre compte de cela et de s’en servir pour créer quelque chose. On me trouve mélancolique, je me trouve réaliste. Conflit de point de vue.


 


Quoi qu’il en soit, Fuzati fait partie de ceux qui rappent avec leurs tripes et ça me plaît.


C’est un MC bien étrange : il est blanc, il n’a pas grandi dans une banlieue du 93 mais à Versailles, personne n’a jamais vu son visage. Ce qui marque la première fois qu’on l’écoute, c’est son flow trainant, sa misanthropie exacerbée et son sens de la punch line acide.


 


Qu’on se le dise, Fuzati est hors normes.  Il a sa carte au Klub des loosers, le duo qu’il forme avec DJ Detect, une force tranquille qui vient balancer avec brio la colère et le désespoir qui habite l’homme au masque blanc.


Fuzati est un personnage et, de l’homme qui se cache derrière son masque, on ne sait rien et ce n’est de toute façon pas le propos. Il prend son temps : deux albums en dix ans, quelques projets parallèles et c’est tout. Il se fait rare, comme tout ce qui est précieux.


 


En 2004, avec l’album Vive la vie, Fuzati nous racontait les déboires amoureux d’un étudiant versaillais qui ne trouvait pas sa place dans la société.  Les morceaux aux titres évocateurs (Baise les gens, De l’amour à la Haine, Le manège des Vanités …) sont entrecoupés d’entretiens téléphoniques entre Fuzati et une certaine Marie-Charlotte qui passe son temps à lui coller des râteaux. Comme un fil rouge, celui de la loose.


 



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Après huit ans d’absence et alors qu’on aurait pu penser qu’il s’était suicidé, le rappeur revient avec La fin de l’espèce. Il a vieilli, ça tombe bien car nous aussi. Cette fois-ci, il pose son regard noir et mélancolique sur le monde des adultes : métro, boulot, dodo. La question de la reproduction est au centre de l’album. Lors du concert parisien qui a suivi la sortie de La fin de l’espèce, Fuzati arrivait sur scène alors que l’image d’une foule compressée était projetée et que Detect mixait un morceau qui répétait en boucle : « arrêtez de vous reproduire ». Le ton était donné.


 


Fuzati est agressif, désillusionné, verbalement violent. Ses mots ce sont des balles de mépris qu’on se prend de plein fouet. Mais attention, ce n’est jamais gratuit. Son mal être, il n’est pas feint et il n’est pas vain puisqu’il le prend à bras le corps et le transforme en textes denses, parsemés de jeux de mots et d’images quasi poétiques pour certaines. Ce n’est qu’à la dixième écoute de chacun de ses morceaux que je peux considérer que j’en ai saisi toute la subtilité de l’écriture.


 


Alors oui, on ne vit pas au pays de Candy mais ce n’est pas grave parce qu’il y a des artistes comme Fuzati pour nous le rappeler et au final, c’est joli aussi, les jours de pluies.


 


Fuzati en dix punch line :


 


« Quand je rappe, je dis à peu près tout ce qui me passe par la tête, mes dernières rimes parleront sûrement d’une toute petite balle de plomb »-  Pas stable


 


« Et je ne m’excuse pas si je ne te calcule pas. Moi, si je suis nul en mathématiques c’est que je n’ai jamais compté pour personne» Le manège des vanités


 


 « Je n’achète plus d’éponge, je passe mon temps à les jeter » – L’éponge


 


« Elle est partie en emportant un parapluie car ce soir-là, le ciel pleurait, moi je ne faisais que le copier » – Le parapluie


 


« Parfois, je me dis que la retraite est comme la femme de ma vie, je risque d’être mort avant de la toucher » – Perspectives


 


« Et je me demande si Cupidon est un peu myope ou un peu con et si tu penses parfois à moi lorsque tu fumes sur ton balcon. Petite princesse d’un château dont elle a construit les remparts. Je mange peu, nourris l’espoir que quelqu’un m’attendes quelque part » – Volutes


 


« Bizarrement même les branches n’arrivent plus à me supporter. Elle a fait comme l’amour, en trois secondes elle s’est cassée. J’ai l’air con la corde au cou le cul par terre, super. » – Vieille branche


 


« Je tiens à elle comme à un grain de sable trouvé sur la plage. En fait, mieux vaut ne pas comprendre ce que chante un oiseau en cage » – L’animal


 


« Personne ne racontera la beauté de nos vies banales. Nos combats contre le cancer ne feront pas une ligne dans le journal » – Au commencement


 


« Les grands rêveurs que j’ai connus avaient tous des marchands de mort. Parce que le sable ne suffit pas, on s’y enfonce pour oublier ; et moi qui croyait bêtement que quelqu’un viendrait m’y chercher » – Au commencement


 


Article rédigé par The Girl On The Bridge.


 


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