Une pièce presque vide, avec juste un miroir et quelques cartons. Une femme se tient devant une fenêtre ouverte. Un homme est assis sur un tabouret.
Elle : On ne choisit pas de trébucher sur un cœur, finalement.
Lui : Non…
Elle : Reste plus qu’à aimer, et tant pis pour la sécurité.
Lui : Tu doutes ? T’as pas à douter !
Elle : Elle marmonne nerveusement. Non. Toi non plus ne doute pas, sinon je double mon doute et je redouble de vigilance. J’aime pas la vigilance, surveiller qu’on ne m’écrase pas comme un vulgaire mégot sur un trottoir.
Lui : Il prend le visage de la jeune femme entre ses mains.Laisse ton passé crever là ou il est. Au bout du compte, il ne reste plus que nous. Hier m’a rongé mais je l’ai digéré. Oh, je peux parler moi… Il ricane tendrement.
Elle : Mais tu crois qu’il est coupable de délit de sale gueule mon passé ? Non, c’est à cause de lui qu’aujourd’hui je marche avec le menton tourné vers le ciel. Hier ? Tous les jours, je lui fais la peau ! Aujourd’hui je revis parce que demain n’est pas loin. Mon cœur a fini de décongeler, tu sais. Bien sûr que tu sais.
Lui :Il chantonne.
Un cœur plus un cœur
Font deux peurs qui meurent.
Une main dans une main
Ne font qu’un…
Les choses du coeur, c’est une histoire de tables de multiplication.
Elle : C’est vrai ? Tu ne vacilleras pas face à un amour qui a la violence d’un séisme, la douceur d’un murmure, la légèreté d’un papillon ?
Lui : Tu me vois flancher ?
Elle : Elle me l’écoute pas et parle plus rapidement... la force d’une conviction, la fragilité d’un secret, la beauté d’un éclat de rire… Tu sauras le prendre à bras le corps cet amour-là ?
Lui : Tu me vois trembler, bégayer, chanceler ? C’est à toi même que tu poses cette question !
Elle : Pas du tout, je m’assure que tu es sûr. Je ne veux pas sentir planer l’ombre d’un doute. Ca te vole à la figure ces trucs-là. Une ombre, ça fait souvent deux fois ta taille.Elle reste songeuse, immobile, s’observant dans le miroir.
Lui :Regardant le reflet dans le miroir. T’as le visage en forme de cœur et de peur. Casse ta peur de cœur brisé. Ferme, les yeux puis rouvre-les. Sous tes paupières se cachent des rêves ensoleillés à réaliser.
Elle : Les yeux fermés. Oui… Fermer les yeux sur mes cauchemars. Les rêves, c’est comme les trains, faut pas les laisser filer. Ils n’existent que si on les saisis.
Lui : Et qu’on les transforme en beauté. Il s’approche du miroir. Il fait un clin d’œil au reflet. On n’est pas si mal, tu ne trouves pas ?
Elle : Dubitative. Quoi ? T’arrives à voir la couleur de notre âme dans ce miroir.
Lui : Debout derrière elle, il entoure sa taille de ses deux bras et pose son menton sur son épaule. Oh toi ! Pas vraiment, mais son enveloppe est presque belle.
Elle : Qu’est-ce qu’une enveloppe sinon un truc qu’on ouvre pour voir ce qu’il y a dedans ? Elle fait une grimace. Puis une autre. Bon… Fini de jouer à Roméo et la mauviette ! Dessine-moi des étoiles plein les yeux !
Lui : Je dessine pas très bien. Mais je peux essayer.
Elle : Elle regarde sa montre. Je suis en retard ! Je cours toujours après quelque chose qui court plus vite que moi.
Lui : Ca s’appelle le temps. Fous le camp ! Tu vas me manquer ! Attends… Je fous le camp avec toi. Il entasse des vêtements dans un sac.
Elle : N’oublie pas ton crayon… pour les étoiles.
Article rédigé par Petite Voix Off
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