Tu as promis l’amour. Celui trouvé par le plus heureux des hasards au détour d’une rue, sur le chemin du retour de la boulangerie ? Celui dégoté un jour de pluie, devant le parcmètre à 300 mètres du boulot ? Ou celui qu’on a gentiment envisagé, lors d’un dîner chez de vieux potes, qui avaient, l’air de rien, invité M. Dixsurdix. Ou encore celui qu’on a découvert, se réveillant en sursaut d’un profond sommeil après avoir si longtemps joué la carte « amis » ? Ou même celui qui s’est imposé, comme une gifle qui part, sans trop que l’on sache pourquoi ni comment ? Tu aurais pu apporter quelques précisions, détailler un peu les possibilités. Serait-ce un amour façon Coup de foudre à Notting Hill ? Façon prince & princesse des temps modernes ? Façon Barbie & Ken ? Ce serait donc cela l’amour, une image, un dessin à colorier ? Une photo de deux jeunes gens à la plastique impeccable et au sourire étincelant, un rêve de petite fille qui a bouffé trop de Disney ? Serait-ce plutôt un amour Bonnie & Clyde, un trip dangereux mais exaltant, des montagnes russes de passion, la violence et la fulgurance d’une météorite ? Serait-ce peut-être l’amour mesuré, tristement réaliste, de celui qui a le cœur en vrac, mais qui au fond, voudrait tellement choper ce grand A ?
Tu as promis la fidélité dans le couple. De quel couple parlais-tu donc ? De celui qui sent le neuf, celui qui tourne encore en mode « zéro défaut », où chaque joueur avance masqué sur la pointe des pieds en s’administrant mutuellement de petites doses de séduction ? Ou bien de celui qui a pris un peu de bouteille, deux gosses et un crédit et où les masques pourrissent depuis longtemps dans la poubelle ? Ou alors de celui qui vacille comme une bougie d’anniversaire, celui qui semble toujours sur le point de rendre l’âme mais qui pourtant lutte pour survivre, dans l’espoir d’une étincelle ? Tu es vraiment resté trop vague. Ne sais-tu pas qu’avec les histoires de couples, on ne plaisante pas ? Tu n’as même pas daigné définir ta conception de la fidélité. Est-ce « la base du couple », « un truc de vieux », « une utopie » ? Mais quel âge as-tu d’abord ? Parce que si t’as 17 ans, la fidélité consiste à ne pas embrasser Ludo sur la bouche lors d’une soirée à laquelle on est venu avec son petit ami Nico. Parce que si t’as 35 piges, la définition de la fidélité a tendance à dépendre de l’état de santé du couple de ton interlocuteur. Parce que si t’as 40 balais, tu croises parfois une armée de divorcés qui tordent le cou à la fidélité.
Tu as promis le retour de l’être aimé. Mais personne ne t’a informé qu’il existe des individus qui ne peuvent plus voir leur ex en peinture. Et d’ailleurs, pourquoi s’est-il tiré cet être aimé ? Parce qu’il a trouvé nouvelle chaussure à son pied ? Parce que l’amour s’est fait la malle, subtilement, progressivement, style gangrène des sentiments, ou bien sans crier gare, en deux temps trois mouvements ? Parce qu’ironiquement, craignant pour son cœur si souvent piétiné il a choisi la fuite plutôt que le risque d’aimer ? Tu as trop fait dans la synthèse, tu aurais au moins pu insérer quelques parenthèses. As-tu bien réfléchis à ce que tu avançais ? Le retour ? Tu ne pouvais pas plutôt promettre l’avènement d’horizons inexplorés, de cette nouveauté si charmante et flippante ? Mais non, tu ne promets que du réchauffé, du revu et corrigé, du rafistolé, de la rééducation, du rapiéçage d’histoires en miettes.
Tu fais bien rire les boîtes aux lettres du hall de l’HLM.
Article rédigé par Petite Voix Off
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