Depuis mes 20 ans, je pars seule, en Europe ou au bout du monde. Pendant le mondial 2006, je vivais à Berlin et galérais à trouver un job (ok, je passais 4 jours / 7 en club à draguer des grands blonds, j’étais pas forcément fiable). En 2008, mon mec de l’époque m’a emmené en Inde et j’ai totalement accroché. En 2009, on y a fait deux voyages, le premier ensemble, le deuxième séparément. En 2010, sur un coup de tête, j’ai décidé de traverser le pays seule. J’avais besoin de recul face à mon couple et surtout besoin de me retrouver seule.
J’ai découvert qu’en voyageant seule pendant longtemps, on apprend à faire face à soi, à certaines facettes qu’on n’a aucune peine à gérer au quotidien ou qu’on ignore ; surtout quand la solitude est extrême, qu’on ne parle pas la langue du pays, qu’il fait 45°, qu’on est la seule blanche du village, que l’accès à Internet est impossible ou incroyablement lent et qu’on a pour seule compagnie un bouquin.
J’ai appris à m’écouter un peu plus, à me faire confiance, à oublier l’impatience, à apprendre la douleur et l’inconfort, à supporter les grandes chaleurs, les mauvaises odeurs, le bruit constant, la proximité des gens. J’ai appris la tolérance.
Beaucoup de nanas me disent : « Ah mais je pourrais jamais partir seule », et je me retrouve dans ces paroles. J’étais tellement certaine que ce n’était pas mon truc, que je ne pourrais jamais, que c’était trop difficile, que j’aurais envie de mourir après deux soirs, que j’ai fini par essayer. Je m’étais toujours dit que je ne pourrais jamais voyager sac au dos, seule, sans itinéraire, sans but, sans réservation, à l’aveugle comme une aventurière. J’étais persuadée de n’être pas assez forte pour ça. Trop douillette, trop facilement fatiguée, trop faible physiquement, pas assez maline pour me débrouiller seule, trop trouillarde.
Au final, j’ai découvert que ces peurs étaient purement imaginaires ; voyager seule, c’est effectivement difficile, mais quand on est bien dans ses baskets ou au minimum conscient de qui on est, l’aventure est largement supportable et les doutes s’estompent petit à petit.
Fin 2011, pour me changer le moral après une grosse rupture, je suis partie un mois et demi à Hawaii. J’ai débarqué dans une guesthouse réservée via internet, en plein inconnu, après 24h de voyage, au bout du monde, au milieu du pacifique, ivre de joie et d’impatience. J’y ai rencontré un Anglais qui m’a fait passer un voyage formidable.
J’ai appris à vivre dans une ville américaine, j’ai acheté un vélo et pris des cours d’anglais. Je me suis éclatée avec un train-train quotidien de local et pas simplement les yeux d’une touriste d’une semaine. Je m’y suis fait des potes du monde entier, des gens qui faisaient le tour du monde sac au dos, des qui travaillaient pour se payer le prochain billet d’avion et d’autres qui avaient atterri là et plus décollé. J’ai adoré faire partie de ce monde.
Cette année, j’avais cruellement besoin de prendre des vacances. Pas assez de taf au taf, pas assez de sentiments dans ma vie amoureuse, pas assez d’aventures dans ma vie de tous les jours, je voulais plus. Encore plus. J’ai surfé sur les offres et trouvé un aller-retour pour Kuala Lumpur à 600€. Début juin, j’étais dans l’avion. Excitée comme une puce. Ravie de découvrir un continent encore inconnu.
J’avais l’appréhension de la saleté de l’Inde en sachant pertinemment qu’aucun pays n’arrive à la cheville de ce sous-continent en matière d’inconfort et de désagréments. J’ai toujours été attirée par l’Asie. J’ai toujours eu envie de visiter la Chine et de descendre jusqu’à Sumatra.
Bref, pour en revenir à mes moutons, début juin, sept kilos dans mon sac à dos (ok, il y avait huit bouquins), je suis arrivée à Kuala Lumpur rayonnante. Je n’ai pas franchement apprécié la ville. C’est grand, bruyant, assez propre, hyper humide et chaud. Une grande ville, comme plein d’autres, le genre d’endroit qui tendent à me saouler après deux jours.
J’apprécie le shopping à Berlin ou en Angleterre, sous la pluie, quand on est heureuse d’entrer dans un magasin pour avoir chaud et vachement moins au bout du monde sous un soleil de plomb, à plus de 30°, quand on est heureuse de rentrer dans un magasin pour se taper la climatisation à 19°. Ce qui ne m’a pas empêché de faire des emplettes de fringues à 5€/pièce.
Gavée de pavés qui dégagent de la chaleur même tard le soir, j’ai pris un bus de nuit pour la côte. J’avais besoin d’air et de mer. Je partais pour les îles en sachant que l’archipel de Tioman se trouvait à une cinquantaine de kilomètres des côtes et que l’île n’était pas encore touchée par le tourisme de masse et les grands complexes.
Dans le ferry, j’ai rencontré un Américain un peu perdu qui arrivait de Corée et qui ne savait pas trop sur quelle plage débarquer. Comme j’étais à peu près dans le même état que lui, on a décidé de regarder ensemble si la dernière plage de l’île nous irait.
La plage de Salang est magnifique, grande, sable blanc, propre, bungalows à 20m de la plage, petits restos, strictement rien à faire à part de la plongée, du snorkeling et de la crêpe de plage. Le paradis. J’y ai rencontré des Allemands avec qui j’ai trekké, fait le tour de l’île, passé des journées à faire les cons, fait du snorkeling pendant des heures, escaladé une mini-île, mangé tous les soirs et regardé les étoiles tard le soir.
Deux semaines de glande active. Du soleil plein la peau, des odeurs plein les narines, des images magnifiques gravées sur mes rétines, des rires à s’en rouler par terre, des sursauts en pleine mer en apprenant qu’un requin nous était passé à côté, des larmes et du plaisir. J’ai passé des vacances de gosse. Mes potes ayant quitté l’île, j’ai fini par décoller aussi.
J’ai fini mon voyage par six jours à Singapour. J’ai vite compris pourquoi on la classait dans une des villes les plus chères du monde. Ma carte de crédit a flambé. J’ai rencontré du monde, je suis allée au ciné, j’ai bu des verres, fait un tatouage et fini par squatter la piscine public (low budget inside).
Maintenant que je reviens, je me rends compte que j’aurai encore besoin de beaucoup de voyages pour être rassasiée de l’Asie du sud-est, ce qui tombe bien, je commence tout juste ma carrière de backpackeuse et ne compte pas m’arrêter en si bon chemin.
Attention le bout du monde, j’arrive !
Article rédigé par Lala Lala.
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