Vous savez, on croit souvent que les castes c’est juste dans les films indiens et dans certaines sociétés actuelles. Mais c’est faux. Au lycée aussi il y a des castes. Cela s’explique en deux étapes.
La première, c’est une hiérarchie qui rappelle un peu les trois ordres au temps de Louis XIV mais en plus complexe. Le lycée se divise en plusieurs niveaux et sections classés dans l’ordre suivant, selon l’admiration que les élèves se portent entre eux.
Les Terminales Scientifiques (S) sont le Saint Graal, le haut du panier admiré par beaucoup, pour la simple et bonne raison qu’on les croit très intelligent et que leur filière est pleine de débouchés (attention, ce qui suit ici n’est pas général seulement, je remets un peu la réalité en place). Sauf que voilà, les élèves de S ne sont pas tous des têtes et beaucoup font cela parce que papa-maman leur ont dit sur un ton sans appel et plein de fierté : « Mon fils, un jour tu seras médecin/ chirurgien/ plasticien dentaire (rayez les mentions inutiles) ». Mais non content donc, pour la plupart, d’être des crétins prétentieux, les S n’ont pas plus de débouchés que les autres pour la simple et bonne raison qu’ils sont très nombreux et qu’ils veulent tous la même chose ou presque. Donc en réalité, ça bouchonne un peu au portillon de sortie.
Après eux viennent les Terminales ES (Economiques et Sociales), qui aurait dit-on encore plus de débouchés et qui veulent tous ou presque faire du commerce ou du droit. Les ES sont admirés car leur programme est plus complet que celui des autres sections. Mais, encore une fois, ça bouchonne un peu au démarrage vu leur nombre très important.
Et puis il y a les Terminales STG (Sciences et Technologies de la Gestion). Tout d’abord parce qu’ils sont en Terminales comme tout les autres. Ensuite parce qu’avec l’avancée des nouvelles technologies et leurs cours d’informatique et de communication/gestion, il paraitraît qu’ils ont une sacré avance sur nous pour ne pas finir à l’ANPE. Sauf que, quand j’étais en Seconde, j’entendais dire dans les couloirs que les STG c’était là où on mettait les élèves dont personne ne voulait et les feignasses (il s’avère que plusieurs de mes amies sont en STG de leur plein gré et elles bossent deux fois plus que les S, mais les préjugés ont la vie dure).
Puis viennent les premières des trois sections dans le même ordre, pour les mêmes raisons. Et puis viennent les Secondes toutes classes confondues. Vous croyez que j’ai oublié les L (Littéraires) et que je suis étourdie. Ne vous inquiétez pas mes agneaux, je n’ai rien oublié du tout. Car voyez-vous, ce qui va suivre est la raison qui me pousse à écrire cet article.
Les Premières et les Terminales L sont en dessous des Secondes, au bas de l’échelle sociale lycéenne. De nos jours, la L est dévaluée. Parce que pour la plupart des gens, la L c’est pour les artistes sans avenir. Combien de fois ai-je entendu cette blague : « Eh, toi là-bas la L, bientôt tu sauras pourquoi il y a deux L dans Pôle Emploi ».
Aussi, je me devais de remettre les choses à leur place. Sachez pour ceux qui en douteraient encore qu’en L, on bosse, on gratte du papier plus que n’importe qui dans le lycée et ce n’est pas parce qu’on n’a pas de cours de physique/ maths/ économie qu’on ne fait rien. Et sachez aussi qu’avec un coefficient sept au bac pour la philosophie, le bac L est un des plus difficiles à obtenir avec les honneurs voire à obtenir tout court. Les élèves de L ont effectivement pour la plupart la fibre artistique, mais cela ne nous empêche pas d’avoir de plan de secours pour l’avenir. Certains d’entre nous entrerons en septembre à Science Po ou en prépa aux grandes écoles.
Et non, faire L n’a pas pour seul débouché celui que d’être prof de français ou d’histoire, pas plus que l’étude de la chimie ne vous fera devenir assurément chimiste. Nous nous coltinons huit heures de philo par semaine quand d’autres n’en ont que deux. Nous avons autant de débouchés voir même plus que ceux des autres sections pour la simple et bonne raison que nous sommes moins nombreux et donc plus rares et plus recherchés. Mais effectivement, si nous parlons en termes de rendement, un élève de S qui fait médecine gagnera sûrement plus d’argent qu’un élève de L qui enseignera (enfin, de nos jours, rien n’est sûr, n’est-ce pas ?).
Là on parle d’argent, mais et la culture dans tout ça, la connaissance ? Du temps de Rabelais, pour être médecin il fallait connaître les textes anciens. Sans la L, qui continuerait à étudier les grands auteurs qui nous ont précédés ? Certains des autres sections c’est sûr mais combien ? Et les autres ? Voilà pourquoi je dis qu’il faut arrêter de croire que la L n’est que pour les gens qui ne veulent pas se fouler ou qui n’ont pas de grandes ambitions pour leur avenir. Je suis en L par choix, je bosse dur et j’ai de grandes ambitions. Merci, bonsoir.
Article rédigé par Mademoiselle A.
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