Bruxelles, juin 2010. Dans l’appartement, un petit groupe d’enfants se pourchassent en hurlant « caca prout », puis ils s’écroulent par terre en pleurant de rire. Au début, les adultes présents ne trouvent pas ça très drôle. Ils protestent, ils menacent. Et puis, en fin d’après-midi, épuisés, ils finissent par éclater de rire aussi (un rire nerveux, probablement).
Deux jours après, une collègue tombe par hasard sur un croquis qui traîne sur mon bureau et elle me dit « tiens, il est marrant ce petit bonhomme. Il a un nom ? » Et là, je ne sais pas pourquoi, je lui réponds « Kaka Proute ».
Il faut savoir que ce n’est pas, mais alors pas du tout mon style. Je suis quelqu’un d’assez sérieux (ben oui) et en plus je bosse dans un environnement pas très rock’n roll (c’est un euphémisme). Pour vous donner une idée, au boulot, les rares fois où quelqu’un sort une blague, il faut d’abord s’esclaffer pour avoir la paix, puis s’éclipser discrètement pour aller faire une recherche Google et comprendre la blague, qui en générale n’est pas drôle. J’ai même des collègues qui font des blagues en latin. Oui, ça existe.
Moi… je ne fais pas des blagues en latin, mais par contre, j’aime dessiner. Et ce croquis, je m’en suis servie pour créer un blog BD racontant les aventures d’un petit écolier belge surnommé Kaka Proute. Au départ, je l’ai fait pour me détendre, et surtout pour apprendre à tenir un blog et à mettre en ligne des illustrations de manière régulière.
Et puis, comme beaucoup de blogueuses, je me suis prise au jeu. J’ai reçu mes premiers commentaires, et j’ai failli en tomber de ma chaise d’émotion. Je me suis attachée à mon personnage. J’ai commencé à nouer des liens dans la blogosphère BD, et au-delà. Bref, je suis devenue accro à mon blog !
Sauf que voilà, être accro à un blog qui s’appelle Kaka Proute… c’est un peu lourd à assumer parfois. En soirée, ça donne ça : « Oh, tu as un blog ! Génial ! Et c’est quoi, l’adresse? » « Kaka Proute ». « Ah. Ouais. D’accord. ».
Vous me direz qu’après tout, entre amis, on peut aussi faire preuve d’un peu d’humour et que la blogosphère, c’est aussi un espace de délire et de détente.
Mais le problème s’est rapidement étendu au-delà de la sphère strictement privée.
Car figurez-vous qu’à force de dessiner, dessiner et dessiner… j’ai gagné un concours de dessin, puis un autre… et j’ai été contactée par une grande maison d’édition pour un entretien. Pour moi, qui n’ai aucune formation d’illustratrice, c’était un peu comme gagner au loto.
Je vous laisse imaginer la scène. Moi, raide de trac, mon « book » sous le bras. L’entretien se déroule bien, l’éditrice est intéressée par un de mes projets, on en discute. A la fin de l’entretien, elle me demande « Vous n’auriez pas un blog ? Parce que de nos jours, pour les illustrateurs, c’est utile». Moi : « euh…si, j’ai un blog.. » « Ah ? Et quelle est l’adresse ? ».
Oops.
C’est donc à la suite de ces passionnantes péripéties que Kaka Proute a décidé de changer d’état civil. Un groupe consultatif de réflexion ad-hoc a été créé pour une approche pro-active et transversale. On a interrogé la blogosphère, recueilli des avis, organisé des sondages et fait des tableaux. Des gens je ne connais que par Internet ont rédigé des paragraphes entiers de commentaires pour me dire pourquoi ils/elles pensaient que Kaka Proute devait ou ne devait pas changer de nom ! J’étais soufflée.
Le problème, c’est que, de l’avis général, Kaka Proute ne pouvait pas décemment s’appeler Charles Dupont. Alors, après avoir beaucoup, beaucoup réfléchi… on a pris une grande décision. On a changé l’adresse du blog : Kaka Proute est devenu KKP. Tout ça… pour ça ? Ne soyez pas mauvaise langue… L’important, c’est d’être heureux :-D
Article rédigé par Les grandes aventures du petit Kaka Proute.
No comments:
Post a Comment