La pauvre fille BEAUTÉ

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J’avais monté tous les plans. La salle de bain, les voyages, ma période d’ovulation. Tout était prêt.


 



Je savais déjà ta façon de me dire bonne nuit le soir. Où tu placerais tes baisers sur mon front et la folie qu’on aurait de faire l’amour sur le tapis du salon.


 



Je devais organiser une fête surprise pour ton anniversaire. Faire péter le champagne et un peu de ma braguette. T’attraper le bras et t’emmener dans la chambre. T’agripper sauvagement, remercier le ciel et sourire sous l’approbation des regards de nos vieux posters au mur.


 



Ce n’est pas de ma faute. Je suis naïve. J’ai le cœur mou et certainement en friche.



 


J’aimais bien rêver, faire passer les trajets de métro, occuper mes pauses clopes et imaginer un monde en plus grand.


 



Et pourtant, je sais bien que les illusions de petites filles doivent se gommer un soir.



 


Je les ai reniées. T’en fais pas pour ça.



 


Tu te souviens de cette soirée où je pensais que toi et moi, on prenait de l’élan. Tu tenais ma main et mon regard, tu sentais l’avenir à plein nez et les trottoirs de Paris me promettaient une vie nouvelle à tes côtés. Ce soir-là, j’ai vu la peinture qu’on mettrait dans la salle de bain et j’avais même en tête la couleur du tapis où tu me ferais un enfant. Ce soir-là, on jouait la séduction et l’amour brûlant.


 



Le lendemain matin, me réveiller à tes côtés avait un goût que tu ne soupçonneras jamais. J’ai misé gros, j’ai mis tout mon fric et une ribambelle de sentiments, je t’ai montré mes cartes et j’ai perdu la partie. A croire que jusqu’ici, j’avais déplacé mes pions seule.


 



Tu m’as envoyée paître. T’as peut-être cru que je jouais trop vite, ou mal. Ou que je bluffais. Qu’en sais-je. T’as préféré te taire que de m’expliquer pourquoi t’as jamais trop aimé les fêtes d’anniversaire.



 


On est comme ça, nous les filles. On fait des plans sur la comète, on se projette dans vos vies avant même de se projeter dans vos bras. Tu parles d’une projection. Finir les fesses au sol, les coudes amochés et de la pitié envers soi-même, en prime d’atterrissage.


 



Ce que je peux me faire pitié.


 



Alors maintenant, je m’endors, un peu seule, un peu désorientée. Je cherche le sommeil et quelques réponses. Je fais moins de rêves, je les trouve plutôt cruels. Presque plus que toi.


 



Je sais que tu n’avais rien demandé. Mais c’était plus fort que moi. T’avais le goût des lendemains heureux, que puis-je y faire. J’ai cru bien trop vite que tu me piquerais mes cigarettes le soir devant la télé, que tu me parlerais de toi des heures durant et que, certains après-midi, on se planquerait chez nous pour éviter le monde, ses tempêtes et les déceptions qui tombent averse.


 



C’est pas grave, maintenant je le fais toute seule.


 


Article rédigé par Ovary



 
 


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