Petit frère, tu n’as même pas deux ans mais un jour, tu me demanderas sûrement pourquoi je n’appelle pas ta mère maman et ta grand-mère mamie comme toi. Tu me demanderas pourquoi tu es obligé de préciser que je suis ta demi-sœur et non pas ta sœur. Alors, comme c’est très compliqué et que je n’aurai pas forcément le temps, voici une explication écrire pour toi.
Il y a quelques temps déjà, la famille se composait de la façon suivante : les grands-parents, les parents mariés bien entendu, les enfants et parfois les cousins, cousines, oncles et tantes. Il y a quelques temps, une femme ne pouvait divorcer de son mari sans l’accord de celui-ci et elle n’avait aucun droit sur ses enfants.
Aujourd’hui, les choses ont bien changé. Pour fonder une famille, il ne suffit plus d’avoir des enfants, cela n’est plus si simple. Les familles se sont bel et bien diversifiées. Aujourd’hui, si ont demande à un enfant de décrire sa famille, il parlera certainement de son père et sa mère et peut-être aussi de ses frères et sœurs s’il en a.
Mais il sera aussi tenu de parler du divorce de ses parents dans plus d’un mariage sur deux, de sa belle-mère, de son beau père, de ses demi-frères et sœurs (définition qui englobe les enfants qu’un de leur parents ou les enfants de leur belle-mère ou beau-père). Avant, le terme « famille » pouvait être représenté par une seule boîte étiquetée d’une seule définition ; aujourd’hui, ce mot ne rentre même plus dans une boîte et elle n’a plus une mais des dizaines de définition.
Quand on parle de famille, on peu y voir : des familles avec des parents divorcés, des familles recomposés, des familles monoparentales, des familles homoparentales, des familles sans enfant, des familles sans parent, des familles dites « traditionnelles »… Nous, cher petit frère, nous nous classons dans la deuxième catégorie de cette liste non exhaustive. Nous ne sommes que des demis parce que nous avons le même père mais pas la même mère, parce que seulement la moitié de notre sang est le même.
Alors pourquoi je m’obstine à dire que tu es mon frère ? Parce que tu vois, petit frère, chacun a une définition propre de la famille et si je me refuse à dire que tu es mon demi-frère, c’est parce qu’en disant ça, j’aurais l’impression de dire que je ne t’aime qu’à moitié, que j’aime seulement la partie de ton être qui a le même patrimoine génétique que le mien.
Mais tu vois, petit frère, le souci c’est que pour moi, la famille, ça n’est pas seulement une histoire d’ADN, c’est avant tout une histoire de sentiment. Pour moi, un membre de sa famille, c’est une personne qui nous aime et nous accepte sans nous juger mais sans pour autant être d’accord avec nous.
Et moi, petit frère, je fais le choix de dire que tu es mon frère parce que je t’aime toi tout entier sans te juger ou juger les choix faits par nos parents respectifs. Je le fais pour que tu ne deviennes pas la cause d’actes que tu n’a pas commis et dans lesquels tu n’interfères en rien. Et j’écris cet article aujourd’hui pour défendre cette politique et cette diversité familiales parce que la famille, peut importe quelle est la définition que chacun s’en fait, c’est sacré et ça ce n’est pas près de changer.
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