C’est un phénomène relativement étrange que de se sentir étranger à quelque chose, et d’avoir pourtant tout un tas d’avis dessus… Non ? C’est courant ? Ah bon, mince, je ne suis qu’un mouton alors ?!
Laissez-moi vous expliquer…
Avant d’ouvrir mon modeste blog et de venir y poser ma prose quasi quotidiennement (enfin presque, pas les week-ends, j’ai garderie !), j’étais une grande lectrice de blogs. Je dis j’étais, mais en réalité je le suis toujours. Un peu moins, certes, parce qu’écrire me prend mine de rien pas mal de temps, mais j’essaie de continuer à suivre tous les blogs que je lis depuis des années (8 ans et des cacahuètes, ça nous rajeunit pas tout ça ma pauv’ dame!), et tous ceux que je découvre grâce à Hellocoton.
Avant, j’étais ce qu’on appelle communément une lectrice de l’ombre. Mais une vraie, hein, de celles qui ne laissent aucun commentaire parce qu’elles n’en voient pas et surtout n’en comprennent pas l’intérêt. Avant, si j’aimais me balader sur les blogs, c’était surtout parce que j’appréciais les récits que je pouvais y trouver, les jolies histoires du quotidien, savamment contées, agrémentées de belles photos de famille. Je lisais essentiellement les blogs catégorisés comme « blogs de Mamans », et même si je n’étais pas Maman moi-même, j’éprouvais un réel plaisir à vivre en quelque sorte ces vies par procuration. A suivre les grossesses, puis les naissances. A me délecter des bons mots liés à cette formidable aventure qu’est la parentalité. Pour moi, le look du blog importait peu, et je ne m’imaginais même pas que cela pouvais avoir une importance. Seule la plume comptait, et à la rigueur les photos mais qui étaient la plupart du temps des photos personnelles.
Il y avait peut-être des débats houleux sur des sujets bien précis, je ne le savais pas. Il y avait des blogueuses plus reconnues que d’autres, celles que l’on nomme aujourd’hui les e-fluents, et qui faisaient bien entendu partie de ma liste, mais et alors ? Ce monde là était tellement loin du mien et me paraissait tellement abstrait que cela ne modifiait en rien mes habitudes de lecture. Il y avait peut-être plus, beaucoup plus, de billets sponsorisés, de tests de produits, de concours, de lots à gagner, de participations actives. Je m’en rendais bien compte, mais comme je ne venais pas sur les blogs pour cela, je refermais vite la page en question et passais à autre chose.
Avant, la blogosphère, c’était quoi ? Un concept ? Une communauté ? Une réunion virtuelle de personnes faisant la même chose, à savoir raconter leur vie sur internet ? Une secte ?
Honnêtement, je ne saurais pas vous dire ce qu’était la blogosphère avant. Peut-être tout ça à la fois ? Ce qui est sûr, c’est qu’elle était bien plus petite qu’elle ne l’est aujourd’hui, qu’il y avait très peu de blogs, et que la plupart des blogrolls donnaient toutes les mêmes liens. Un microcosme, en quelque sorte, fait de personnalités et de sensibilités diverses, ayant un objectif commun : partager.
Et aujourd’hui, qu’en est-il ?
Aujourd’hui, la blogosphère est toujours cette espèce de concept qui me paraît toujours aussi abstrait (mais qui ne l’est peut-être pas, expliquez-moi), sauf qu’elle regroupe des milliers de blogs. Des dizaines de milliers certainement, peut-être même plus…
Maintenant que j’ai moi aussi un blog, j’ai enfin compris l’intérêt des commentaires, mais je n’en reste pas moins perplexe face aux articles que je peux lire sur comment la blogosphère c’était mieux avant, sur comment elle a trop changé, et sur comment c’est devenu n’importe quoi…
Well, well, well…
Je ne sais pas si la blogosphère a changé. Les premiers blogs ont subi des mutations, l’apparence est devenu importante. Apparemment, la concurrence fait rage. Je lis que certains blogs qui connaissent du succès se font descendre, que les blogueuses/blogueurs peuvent subir un acharnement. Je lis que certains lecteurs se défoulent, et ne commentent que pour déverser leur fiel.
Si c’est vrai, c’est du grand n’importe quoi, et je suis contente de ne pas être sur les réseaux sociaux s’ils ne servent qu’à cela !
Je ne sais pas si la blogosphère a changé, parce que je ne sais pas ce qu’est la blogosphère. Tout ce que je vois aujourd’hui, de ma toute petite fenêtre de mon tout petit blog de province (oui, vous savez, ce truc où il ne se passe rien, à l’extérieur de Paris…), c’est que tout un chacun a l’opportunité de se faire plaisir, de raconter tout et n’importe quoi, tout en ayant la chance de le partager. Comme avant, en fait… Qu’au-delà de cette idée de « blogosphère », qui ne concerne bien que quelques un(e)s parmi nous, il y a une vraie possibilité de contacts chaleureux, de rencontres, d’affinités partagées. Qu’avoir un blog, c’est peut-être raconter sa vie, mais c’est surtout s’ouvrir aux autres. Que si on souffre, et que l’on n’arrive pas à le dire dans la vraie vie, certaines personnes sont là virtuellement pour nous aider, ou pour nous dire qu’elles aussi sont dans le même cas. Se sentir moins seul, dans cette société faite d’individualisme et de perfectionnisme, cela n’a pas de prix. Et quand on est heureux, n’est-il pas normal d’avoir envie d’en faire profiter les autres ?
Quand je lis des blogueuses qui ont commencé avec un blog de Maman critiquer le fait qu’il y ait encore et toujours des billets traitant de la grossesse, de l’allaitement ou du lait maternisé, de la péridurale ou non, je vois bien qu’elles ont évolué et sont passées à autre chose. Mais se rendent-elles compte qu’il y a encore et qu’il y aura toujours de nouvelles lectrices, de nouvelles futures ou déjà jeunes Mamans, qui seront contentes de lire quelque chose sur le sujet, sans être obligées d’aller chercher dans les archives des anciennes blogueuses dont les petits sont devenus ados ?
La blogosphère change. Elle grandit, elle se transforme. Il y en a pour tous les goûts, pour toutes les envies, pour tous les talents (et que de talents, c’est incroyable !). La blogosphère s’adapte, et tant mieux, parce que les lecteurs changent aussi. Prenez mon exemple. Moi, qui ai un blog de Maman, je ne vais plus que très peu sur les blogs de Mamans (sauf ceux des copines, parce que ouais, je peux le dire, j’ai des copines virtuelles qui sont vraiment super, et que cela ne signifie pas que je n’ai pas d’amies dans ma vraie vie, bref, c’est un autre sujet …). En devenant Maman à mon tour, je me suis rendue compte que les blogs que je lisais jusque là ne présentaient qu’une version édulcorée des choses, une version très soft de la maternité, une version « ouh là là, je suis fatiguée », mais sans les cernes, vous voyez ? Cette vision-là ne me convenait plus, je suis passée à autre chose, tout comme je le fais lorsqu’il y a un billet sponso.
La blogosphère, en définitive, n’est pour moi qu’une idée qui ne concerne que quelques un(e)s, celles et ceux qui sont reconnus, qui ont du succès, qui sont suivis par des milliers de lecteurs. Elle est très loin de représenter la majorité, et donc très loin de refléter la réalité. J’écris un blog, je sais que je fais partie d’une communauté, mais celle-ci est tellement large qu’elle ne peut pas être décrite, ni classée. Elle est faite pour convenir à toute personne qui s’en imprègne, auteur ou lecteur, et c’est en ça qu’elle est spécifique et particulière.
La blogosphère change, et c’est loin d’être dommage. Longue vie à la blogosphère, quelle qu’elle soit !
Source image : www.sciencesslsc.fr
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