Toi qui y es allée, pour voyager ou pour travailler, tu comprendras. Je pense qu’on ne peut comprendre ce qu’est la vie en Inde qu’en y ayant vraiment vécu. Même si je m’obstine à croire qu’on ne vit pas les mêmes choses lorsqu’on y travaille (ce qui a été mon cas) et lorsqu’on y est en visite touristique.
L’Inde est une autre planète, inimaginable tant qu’on n’y a pas posé les pieds. L’arrivée est assez terrifiante, je me suis demandé ce que j’étais venu chercher là.
D’un seul coup, je suis fascinée par tout ce que je vois, toutes ces couleurs, les tenues vestimentaires, la chaleur étouffante, l’humidité, les gens qui marchent pieds nus dans la merde, la saleté hallucinante, les gens qui font leurs besoins dans la rue, les vaches qui mangent du plastique, mais où sont donc les éboueurs ?!
Je vois des scènes incroyables et irréalistes : un homme allongé sur la route, une pierre en guise d’oreiller, et la foule qui passe autour de lui, les vaches qui manquent de l’écraser, et lui qui dort profondément ; un mendiant qui porte des chaussettes au bout de ses moignons de bras et qui sourit à pleines dents, joyeux…
Peu à peu et grâce à mes amis indiens et à Internet (eh oui), j’apprends sur l’Inde, la culture, la religion qui régit complètement leur vie et la plupart de mes questions obtiennent une réponse.
Pourquoi sont-ils si lents bon dieu ? C’est normal, il fait très chaud, 40 °C, et être pressé est considéré comme impoli. Aussi, j’ai appris à tourner les questions dans l’autre sens, pourquoi nous occidentaux sommes-nous si pressés ?
Pourquoi me disent-ils toujours « Oui » et ne font rien ensuite ? Pourquoi j’ai l’impression qu’il y a plus d’hommes que de femmes et pourquoi sont-ils si tactiles entre eux ? Pourquoi sont-ils si mal élevés? C’est une autre culture, rarement de « bonjour » ni de « merci », roter / renifler / se racler la gorge fait partie des comportements normaux (c’est sympa quand c’est votre collègue de bureau !).
L’Inde est le pays où tout est possible. Les Indiens ne disent jamais non. Tout semble entièrement réalisable avec plus ou moins de négociation. Ou plus ou moins d’argent…vive la corruption.
Après 5 mois, mes repères ont été comme bousculés, je deviens insensible voire indifférente pour pas mal de choses, c’est étrange. On alterne entre Moyen-Âge et les années 80. On voit d’un côté des chariots remplis de cartons sales tirés par des vaches et de l’autre des voitures de luxe. Il y a aussi cet homme en costard avec son iPhone, puis cet homme pieds et torse nus, en habit traditionnel vendant des noix de cocos.
Après 5 mois, il me tarde de retrouver le calme, la propreté, un vent frais et pur à respirer, des odeurs d’herbes fraîches. Fini les klaxons, le trafic, les odeurs de pisse et de merde, la pollution dans le visage doublée des pots d’échappement des camions, le gouvernement corrompu jusqu’à l’os…
Ca n’a pas été que la galère l’Inde, ça a été de nombreux fous rires, des rencontres formidables et des instants de joie et de plénitude lors de mes visites à Pondicherry, Tranquebar, Mysore, Cochin, Allepey. Chaque destination a une histoire et j’en garde des souvenirs superbes.
Peu à peu, je prends plaisir à me balader dans ce bordel, à négocier tout achat, à sourire à tous les indiens qui me regardent et à échanger quelques mots…
Ca va me manquer, les raita et les naans du restaurant en bas de chez moi, la sensation du rickshaw (c’est comme une décapotable que tu prends tous les jours, c’est la classe), les chauffeurs attitrés qui essaient néanmoins de toujours t’arnaquer « 10 roupies more Mam », se délecter d’une « tender coconut » au bord de la route, les effluves d’encens et d’épices, les vaches en plein milieu de la route, les marchands de fruits et légumes sur leurs roulottes, les papayes, les mangues, les colliers en fleur de jasmin, l’accent indien, le « r » roulé, les « maybe tomorrow ».
Ce qui va me manquer d’autant plus est d’avoir été chaque jour étonnée par ce pays.
Je suis néanmoins fière d’avoir pu vivre dans cet environnement et notamment d’avoir pu supporter tous ces regards remplis de curiosité, ce qui m’a clairement forgé.
Enfin, je suis partie en Inde, aussi loin, pour avoir l’envie de revenir en France, retrouver ma famille, mes amis, ma vie… Simplement réapprécier tout ce que j’ai.
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