De l’art de chercher un job en ayant un job BEAUTÉ

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Quand tout commence à avoir un air de déjà vu, que chaque tâche s’apparente à une sorte de mauvais refrain, que vous pouvez prédire la réponse exacte de votre N+1 à une question que vous n’avez pas encore posée, que vous avez cette affreuse sensation de faire du vélo d’appartement dans votre boîte et que vous ne regardez même plus en diagonale votre bulletin de paye, c’est que l’heure de la chasse au taf a sonné. Un maître mot s’impose alors en force : discrétion. Tant que vous n’avez pas décroché de nouveau job, vous demeurez enchaînée à votre job actuel. Vous ne pourrez vous autoriser à déposer votre lettre de démission en forme d’avion en papier sur le bureau des RH que lorsque vous aurez entre vos mains une promesse d’embauche de la boîte qui vous aura débauchée (rêver ne nuit pas à la santé) ou de celle que vous aurez séduite. Vous ne pourrez vous déhancher dans l’open space arborant un visage réjoui et chantonnant « Ce n’est qu’un au revoir » que quand vous aurez signé. En attendant le job de vos rêves, il convient de rêver en silence.


 


Impatiente, vous guettez quotidiennement les nouvelles offres d’emploi sur plusieurs sites spécialisés. Parce que le soir, une fois votre seconde journée achevée, il ne vous reste que quelques miettes de temps et/ou d’énergie, vous êtes parfois tentée de jeter un œil aux offres durant la journée, sur votre lieu de travail. Plutôt que de vous rendre furtivement sur le site de l’APEC, choisissez de recevoir des alertes par mail. Un mail discret sera infiniment moins visible que le site orange & blanc que le petit cadre trônant à l’autre bout de l’open space pourra apercevoir avec une facilité déconcertante. D’ailleurs, s’il débute une promenade de couloir habillé d’un sourire « j’ai un scoop », c’est sans doute que vous (ou votre collègue ultra blasée trois bureaux plus loin) êtes grillée…


 


Votre téléphone sonne, numéro masqué : ayez le réflexe bloc-notes + crayon + courir jusqu’à une salle de réunion inoccupée. Vous ferez certainement meilleure impression à la société X, intéressée par votre candidature si la DameRH au bout du fil n’entend pas vos talons qui claquent dans le couloir masquant insolemment le son de votre petite voix essoufflée : « Juste un instant, je vais prendre de quoi noter ! »


 


Vous avez décroché un entretien pour « demain, 18h ».  À peine raccroché, début de la panique à bord. Il vous faudra revenir à votre bureau l’air parfaitement naturel tout en réfléchissant intensément à l’organisation du lendemain soir. Vous devrez ensuite vous efforcer de travailler tout en ne paraissant pas être complètement absorbée par autre chose que votre travail. Certaines pensées peuvent en effet transformer votre visage au point de susciter des interrogations : « Un problème avec le client BigBadWolf ? » Vous répondez distraitement « Oh non, aucun souci » pendant que votre monologue intérieur explose : « Bon, mais qui pourrait bien aller chercher minimoi à la garderie ? Non pas elle, elle m’a déjà filé un coup de main il n’y a pas longtemps, je ne vais pas remettre ça… Peut-être CherEx ? Il pourrait bien me dépanner lui ! Ah mais peut-être qu’il bosse à cet heure-là ! Bon, autant l’appeler… Et puis non, franchement, pas envie. Mais ce serait cool s’il pouvait. Et si j’essaye de décaler l’entretien. Mais non, ça ne fait pas bien. Bon, j’appelle sœurette… »


 


Demain 18h moins 25 est arrivé. Vous vous êtes dégotée une excuse en toc pour pouvoir vous échapper en avance de votre job. Vous avez effectué un détour toilettes, celles du rez-de-chaussée, peu fréquentées.  C’est juste qu’un tailleur pantalon aurait juré avec votre tenue girly trendy de tous les jours. Là, vous seriez complètement cramée. Vous avez poussé très fort le sol du métro de vos deux pieds, comme pour le faire rouler plus vite, vous avez couru, vous avez cherché la rue, vous avez poussé la porte de la boîte et vous êtes concentrée pour revêtir l’air d’une nana libre comme l’air qui vient tout juste de sortir de sa voiture délicatement climatisée.


 


Puis vous avez croisé les doigts comme jamais.


 


Article rédigé par Petite Voix Off



 
 


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