Elever des enfants, c’est faire constamment un choix entre le présent simple et le futur compliqué, le court et le (très) long terme, l’accord de paix immédiat et la guerre de position stratégique.
Personnellement, je suis plutôt du genre belliqueux, droite dans mes bottes (en caoutchouc !), armée de ces fameux principes d’éducation qui me guident, pour le meilleur et pour le pire… mais c’est épuisant, et parfois, je me demande « A quoi bon ? ». A ne jamais vouloir céder, ne frôle-t-on pas parfois l’absurde ?
- les repas :
- Option pacifique : “Tu n’as plus faim ? Laisse tes épinards et va chercher une Danette dans le frigo” ;
- (Mais je choisis l’) Option Déclaration de guerre : “Finis ton assiette ou tu n’auras pas de dessert ! Tu sais, il y a des pays où les enfants n’ont pas assez à manger”.
C’est plus fort que moi… et pourtant, mes filles ne risquent-elles pas de développer un rapport compliqué à la nourriture si elle devient, pour elles, synonyme de contrainte (colère des parents, morceaux de viande remâchés et stockés dans les bajoues, pleurs, hoquet…) ? Quant à l’argument de la faim dans le monde, est-il vraiment convaincant pour une gosse qui n’a JAMAIS entendu son ventre gargouiller ?
- la télévision le mercredi matin :
- Option Déclaration de guerre : “On ne commence pas une journée en regardant la télévision/en se collant devant un ordinateur/en jouant sur un téléphone portable, il faut laisser libre cours à ton imagination” ;
- (Il y avait pourtant l’) Option Maman Sympa : “Tu n’es pas bien réveillée ? Va prendre ton biberon tranquillement devant un petit dessin animé.”
Scoubidou n’a jamais tué personne… Mais je ne flanche pas… sachant, en plus, que je suis le meilleur exemple d’accroc aux écrans, allumant mon SmartPhone en même temps que la machine à café ; vérifant Facebook en pyjama, tartine dans une main, tablette dans l’autre, la mèche hirsute et l’oreille collée à la radio… jusqu’à quel âge mes enfants seront-ils dupes de ma mauvaise foi ? Eh bien pas longtemps : leur imagination fort développée leur inspirera très rapidement une réponse “claque-ta-nouille” adéquate…
- les crises de N°3 la nuit :
- Option Zen (et tout le monde se rendort dans les 5 minutes) : “Va la chercher, ça ne sert à rien de la laisser pleurer pendant des heures” ;
- (mais, la nuque tendue, les dents serrées et le cœur palpitant à 180, j’opte pour la) Déclaration de guerre : “C’est encore un caprice, laisse-la hurler, sinon on ne va jamais s’en sortir, à 18 ans, elle dormira toujours entre nous…”
Sachant qu’elle est un concentré de détermination, 11 kg de ténacité équipés d’un coffre de stentor, et que la guerre des nerfs ça la fait bien marrer, puisqu’elle finit, de toute façon, par la gagner tous les soirs, pourquoi continuer à lutter ? Sera-t-elle une enfant plus capricieuse parce qu’elle a besoin d’être rassurée et de finir ses nuits couchée en travers de ma gorge ?
En résumé, que risque-t-on à lâcher prise ? Une attitude plus « cool » peut-elle vraiment mettre en péril l’autorité parentale ? Ne gagnerions-nous pas en complicité, en sérénité et en longévité si l’on misait sur la souplesse ? Alors allons-y ! Baissons les armes, signons l’armistice, bannissons la négation de tout dialogue avec nos enfants et soyons positifs, ne… Excusez-moi, interruption intempestive :
“Maman, on peut faire un goûter-dîner, tu sais, manger des sandwichs devant la télé ? Maman, je peux prendre ma Barbie pour aller à l’école ? Maman, je peux mettre un peu de musique sur l’ordinateur (Tal/Gangnam Style/Corde à Sauter/Tal/Gangnam Style/Corde à Sauter/ Tal…) ? Maman, je peux mettre mes tongs avec mon collant ? Maman…”
Tiens, cette petite rigidité qui me reprend au niveau des cervicales… je crois que je ne vais pas y arriver…
Article rédigé par Ma vraie vie de MAF.
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