Mon petit morceau de bonheur c’est toi – juste là. Pourtant, je ne devrais pas m’attacher. Non, je ne le fais pas d’ailleurs. Je t’aime bien, c’est tout. Tu redonnes à mon corps des sensations perdues depuis des mois. Je crois parfois lire un message secret dans tes yeux, j’aimerais parvenir à le décoder un jour. Un jour peut-être, quand tu reviendras. Tu t’en vas, c’est vrai, mais je te laisse t’en aller, pas de rancœur ou de pincement au cœur, les règles avaient bien été établies d’entrée de jeu. C’est à moi de vivre autre chose ici, quand tu seras là-bas à construire ta voie. Il se pourrait même que tu n’en reviennes pas, de ce périple initiatique que tu entreprends, le printemps de ta vie dépassé de peu.
Mais ce soir, tu seras là. Tu es près de moi, je respire ton odeur, elle m’avait manqué, les sens à vif, je la cherchais dans les oreillers pendant les nuits qui susurraient ton absence. Elle s’est évaporée, elle aussi, et quel soulagement… Là, tes mains ont repris leurs droits temporaires sur les courbes incertaines de mon corps, à jeun encore, elles se perdent dans un torrent de sensations sans cesse renouvelées, une potion dont l’effet éphémère n’en est que plus enivrant, un plaisir exacerbé par la fugace latitude de sa durée.
Et en cet instant, tes yeux ont fait de moi une captive. Impuissante en face de la clarté aveuglante de ton regard, je plonge. Plus aucune barrière de sécurité pour ceinturer mon désir, je réponds sans plus attendre de tout mon corps aux expectatives abruptes émanant des langoureuses sollicitations de ton bassin. Ca y est, je balance, le cœur en proue, la respiration en alerte, toutes voiles dehors : l’appel du large déclame bien plus qu’un clapotis au creux de doucereuses vaguelettes, c’est bel et bien une tempête qui s’annonce. Le raz-de-marée viendra secouer mon cœur, ébranler mon corps, le capitaine aura depuis longtemps déserté la barre. Pourtant, tu ne promettais rien d’autre que la pureté du silence dans la lueur radieuse de cette contemplation, et à présent, quelques murmures tout au plus s’élèvent et s’étirent, désireux d’accompagner la cadence de deux êtres qui tanguent sur un radeau de fortune, en pleine opération de sauvetage.
Mission accomplie. J’en ressors non pas indemne, éblouie de fond en comble. Nous nous sommes offert le plus beau cadeau avant l’au-revoir suprême, je te connaissais de peu et pourtant pas une seule seconde je n’ai hésité à tout te donner. Emporte avec toi ces explosions de plaisir, cette complicité corporelle, et nos regards qui se sont dit infiniment davantage. Je garderai pour ma part ce sourire bienveillant, cette ultime étreinte sur le quai, et le déclic d’un appareil photo numérique. Prends soin de toi, je t’embrasse tendrement.
Article rédigé par Erin Ailene
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