Je ne m’étale pas souvent sur des sujets sensibles « à chaud », mais là se taire serait cautionner. On vit dans une époque pas facile, en mutation et qui se cherche (crise économique, crise idéologique et crise morale). Ce n’est un scoop pour personne, mais ce que j’ai vu hier, des gens défilant en voiture sur un rond-point en klaxonnant à tout va et en faisant flotter des drapeaux bleus et roses, tenus la plupart du temps par des enfants pas vraiment en âge de comprendre ce qui se passe, me débecte.
Qu’on ait des idées et des convictions, je suis d’accord. Qu’on puisse être contre le mariage en lui-même… Bon à la limite. Mais qu’on en revienne à nier la capacité d’un homme ou d’une femme à élever des enfants parce qu’il n’a pas la « même sexualité que la norme » et qu’on mêle des gamins à des idéologies vieillottes… Non ! Non ! Non et non !
Les gens ont tendance à trop vite oublier notre Histoire… Les manifs contre le mariage pour tous puent les relents d’antisémitisme qu’ont connu la France et une bonne partie de l’Europe. 1939… Les juifs interdits de parc, les juifs qui ne sont pas des Hommes, les juifs qu’il faut éliminer pour la survie du monde…
Aujourd’hui, on remplacerait « juif » par « homo », on ne serait pas si loin de la vérité. Pourtant, je pensais que l’Histoire nous avait appris quelque chose. Que la différence était aujourd’hui tolérée, si ce n’est acceptée. Mais apparemment, le fait qu’un couple d’hommes ou qu’un couple de femmes ait le désir, humain, de vouloir élever un ou des enfants et d’officialiser leur union choque encore.
Pourquoi ? Je cherche encore des arguments valables autres que « je ne veux pas expliquer à ma fille pourquoi elle vit parmi des monstres ». Ou « la famille c’est un papa une maman ». Non, aujourd’hui la famille ne ressemble plus à ça.
La réalité est tout autre que cette vision de catho coincé de famille heureuse avec « papa-travail, maman-maison, fils-à-papa et fifille-à-maman ». Et une famille « normalement constituée » ne rime pas toujours avec le bonheur. Aujourd’hui une famille, c’est une maman seule, un papa seul, un couple de papas ou un couple de mamans, et un couple homme/femme. Tous sont parents, certains le méritent-ils plus que d’autre ?
Pourquoi refuser l’égalité des droits aux couples gays ?
Certains soulèvent l’argument de l’équilibre de l’enfant. Je crois, après avoir écouté et parcouru un grand nombre d’articles sur le sujet que rien ne prouve qu’un enfant élevé par un couple gay ou lesbien finit plus mal qu’un enfant élevé dans une famille « classique ».
Un enfant ne pourra s’épanouir qu’avec un papa et une maman ? Ah oui, c’est sûr, on préférera qu’un gamin soit dans une famille « normale » même s’il se fait taper dessus, plutôt qu’avec un couple gay. Il sera sûrement plus heureux au fond d’un congélateur, j’en conviens.
L’argumentaire est bien pauvre quand on creuse. Tous souhaitent le bien-être de leurs enfants, leur équilibre, leur épanouissement. Donnez-moi un seul argument valable qui m’explique pourquoi un couple d’hommes ou de femmes ne pourrait pas leur apporter cela ? Pourquoi une famille qui sort du schéma classique ne pourrait pas avoir le droit d’adopter et d’élever voire de concevoir un enfant ?
Dans ce cas-là, qu’on retire d’office le droit d’être parent à toutes les familles monoparentales ! Mon Dieu ! Le gosse doit souffrir de ne pas avoir de schéma paternel ou maternel, puisque c’est souvent ce qui est avancé pour expliquer son hostilité à l’égalité des droits. Mon Dieu ! Il va finir délinquant et il pourra plaider une histoire de famille difficile : il n’a pas eu de papa / maman (barré la/les mention(s) inutile(s)).
Je passe sous silence les arguments très recherchés de « je veux pas que ma fille/mon fils deviennent comme «ça» »… Mais moi, dans 5/10/15 ans, ça me ferait bien rire que petit fiston qui tenait le drapeau bleu en hurlant un slogan anti-égalité qu’il ne comprenait même pas, fasse son coming out…
En France, la différence fait peur. Sortir de la normalité est un péché. Et revendiquer ses droits quand on est différent est passible de sanctions (il n’y a qu’à voir les derniers débordements côté anti pour se rendre compte de la violence des propos et des actes de certains ici, et là).
En France, on n’est ni raciste, ni homophobe. Non, pourtant, on permet de dire que « quand je vois deux hommes s’embrasser #JeDégeule » ou « Je ne suis pas homophobe, mais je ne les supporte pas ! ». Mais comme on a tous un copain homo, ben on n’est pas homophobes !
Parfois, la France me fait honte. Et quand je vois autour d’un rond point ou accroché à un pont au-dessus d’une autoroute des familles-bien-pensante hurler leur haine de la différence… J’ai envie de vomir.
Article rédigé par Mikisactu.
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