L’émerveillement : chronique de l’éveil tardif d’une jeune étudiante BEAUTÉ

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éveil - matisse - femme assise le dos tourné à la fenêtre ouverte 1922


 


Etudiante dans une ville peuplée d’étudiants dans ce pays qu’est la France, je termine mes études cette année : c’est le grand moment du bilan de fin de semestre. Je réalise à mon plus grand bonheur que je me suis réveillée d’une torpeur interminable. Sous l’emprise d’une pensée négative paralysante, j’étais alors plongée, à mon insu, dans un étourdissement des plus brumeux. La garce m’avait jeté le triple sort de cécité, de mutisme, et de surdité. Je n’étais qu’un ersatz de moi-même.


 


Puis, un jour sans crier gare, bam ! La claque. Le cauchemar prend fin et tu émerges dans la vie, tes premiers pas témoignant déjà d’une démarche plus assurée. Le déclic, il se manifeste un jour, quoi qu’on en dise, et quelle euphorie quand vous avez la chance d’y goûter. Ce jour-là, ce sont des larmes de joie et d’émerveillement qui se mettent à couler sur vos joues. Ce jour-là, vous avez ce sentiment, cette conviction intime de comprendre le Monde dans son intégralité, ne serait-ce l’instant d’un dixième de seconde, de saisir le pourquoi de votre venue sur Terre.



 


Pour moi, la re-naissance se fait plutôt tardive. A l’âge où je serai diplômée Bac +5, d’autres font l’expérience mystique à 15 ou 18 ans. J’ai cette vague impression, erronée peut-être, d’être en retard, d’avoir pris des années de congé du Soi et qu’un impératif de dernière minute m’a rappelé au devoir, m’a rappelé à moi-même.



 


En y réfléchissant à deux fois, tant mieux, si cette révélation spirituelle me fait pousser des ailes, mieux vaut qu’elle se fasse sur le tard plutôt que de ne jamais connaître la félicité fugace et la métamorphose active du regard porté sur le monde. Aujourd’hui, j’ai donc des envies adolescentes, de crier sans raison pour exprimer mes joies et mes déconvenues, et témoigner de mes plus belles surprises. J’ai décidé, en outre, de congédier explosions de colère intempestives, remarques blessantes, jugements de valeur, et autres émotions chargées de négativité qui encombraient un rapport sain à l’Autre.



 


Vivre une vie bonne a commencé à s’imposer à moi, comme un principe dont l’empreinte se trouvait au fond de moi depuis toujours, mais auquel il manquait cette impulsion pour en faire un fondement pratique au creux des actions que je mène au quotidien.


 



J’ai donc fait la liste des plus belles idées dictées par ce principe. Je veux parler de celles qui ont changé ma vie depuis que j’ai changé de regard sur celle-ci :


 



- partir en périple dans le sud de la France en stop (une partie du chemin s’étant effectuée à pied sur l’autoroute => super dangereux d’où ce côté enivrant style « waouh, je prends des risques là, ouh là là ! »),



 


- faire croire à mes parents que j’ai pris le train (le plaisir reste entier dans son mystère !)



 


- m’installer en coloc’ en fin de parcours d’études quand tous les autres le font au sortir du Bac. Et devenir « la vieille » de l’appart.


 



- écouter de la musique classique. Et apprécier.



 


- avoir des petits flirts sans lendemain après 6 ans de couple. Et apprécier. (Ah, cette liberté retrouvée sur mon corps !). Corollaire de – être à nouveau susceptible de recevoir de l’attention masculine. D’où  – se sentir comme une abeille qui s’empresse de voleter de fleur en fleur pour en butiner tant et tant jusqu’à n’en plus pouvoir et s’évanouir, le nectar aux lèvres, et dans une vapeur embrumée de plaisir.


 


(Ce qui m’amène à – écriiiiire sans pouvoir s’arrêter parce que le flot de ma pensée est plus rapide que le parcours de mes doigts pianotant sur le clavier !)


 


- envisager de débuter un nouveau cursus d’orientation. M’octroyer la réalisation du fantasme/de la croyance « vivre plusieurs vies dans une ».


 



- prendre progressivement conscience que le monde environnant n’est pas mon ennemi et que je n’ai pas à le redouter. Faure un atout de notre similarité, « se comprendre, c’est apaiser la crainte ».



 


- être vraie avec mes amis. Entretenir ce lien spécial qui nous unit.



 


- avoir soif de rencontres. D’échanges. De discussions. De bœufs musicaux jusqu’au petit matin. De films époustouflants dont on discute après la séance autour d’un thé.



 


- passer mes weekends à enchaîner découverte culturelle sur découverte culturelle. – « Les envies jaillissent dans ma tête, une multitude de bulles de savon en pleine éclosion, et un éclatement de joie déferle en moi, et m’ouvre à un océan de possibilités. »


 


Et m’émerveiller. Et apprécier ma vie ainsi.


 


Article rédigé par Erin Ailene





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