Je ne suis pas procrastinatrice, je suis chômeuse BEAUTÉ

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Voilà six mois que j’ai intégré les statistiques affolantes des chômeurs français, et comme ces chiffres ne sont pas des moindres, je pense que certaines personnes lisant ce billet se reconnaîtront.


 


1. Se sentir perdu dans la paperasse et dans le système administratif


2. Se rabaisser moralement et socialement


3. Se tourner les pouces et s’ennuyer


4. Essayer d’appeler ses amis, qui comme dans la pub pour le Loto sont au travail, sauf que toi tu n’as pas une thune


5. Croire que le seul domaine où nous excellons est l’inutilité publique


6. Dormir plus et être en marge du rythme de la société, cependant très en forme


7. Adopter un nouvel uniforme de travail, le pyjama informe


8. En avoir marre de la question « et toi tu fais quoi dans la vie ? » et pire encore de répondre « Pour l’instant rien, je suis au chômage »


9. Avoir Internet pour nouveau meilleur ami


10. S’identifier de plus en plus à la vie des chats d’appartement, ou des oiseaux en cage, au choix.


 


Voilà un bref résumé décrit en dix points de quelques sentiments, passades et autres pensées ultra positives de la vie de chômeur. Je voulais également partager avec vous ma propre expérience de Pôle Emploi et toutes ses joies. C’est parti pour un moment anonyme mais bavard.


 


Lorsque j’ai appris que j’allais m’actualiser auprès de Pôle Emploi la première fois, par la formule magique non/non/non/oui (avez-vous été en formation, travailler, blabla, cherchez-vous encore du travail), comprenez où j’ai pris connaissance de mon licenciement, mon monde s’est effondré. La perte de salaire, les démarches administratives, un déménagement pour un logement moins cher, la course aux entretiens d’embauche, toutes ces choses se sont transformées en un tourbillon de panique. Avec l’aide mon entourage j’ai vite relativisé, sachant que mon dernier emploi n’était pas celui de mes rêves, néanmoins se faire jeter de mon boulot m’a quand même laissé un goût amer d’être une vieille chaussette trouée que l’entreprise a mise à la benne. Il était l’heure de mon inscription et ce fut une sacrée aventure.


 


La vieille chaussette a été essorée à 1000 tours/minute dans la machine Pôle Emploi, ce fut mon ressenti lors des premiers rendez-vous. J’ai été reçue dans une première agence, puis renvoyée vers l’agence pour l’emploi du pays étranger où j’ai travaillé pour obtenir le formulaire U*trucmachin* qui a remplacé le E*bidulechouette* que j’avais obtenu, puis finalement expédiée vers le pôle relevant de mon corps de métier, et ensuite vers la mission locale car j’ai moins de 26 ans. S’inscrire était semblable à la visite d’Astérix et Obélix dans la cité administrative pour les douze travaux, épuisante comme un marathon sans entraînement. Une fois la période de carence (quand tu n’as ni salaire, ni indemnité et que tu manges des cailloux) passée, j’ai souhaité profiter de cette période d’inactivité pour parfaire mon anglais via une formation financée par le conseil régional. Trois rendez-vous plus tard au Greta, un test de niveau, et des heures d’attente sur une chaise, le verdict négatif tombe, la formation ne rentre pas dans mon projet professionnel et ne sera apparemment pas utile pour me réinsérer dans le monde du travail. Cela faisait déjà trois mois que j’étais chômeuse et il semble que rester chez moi était meilleur pour ma recherche d’emploi que d’acquérir de nouvelles compétences. Sans perdre ma motivation, mais sans savoir réellement où j’allais et où je voulais aller, j’ai appris plein de choses à la maison. Des bases de couture, de la pâtisserie, la confection de mon site Internet, ont été de grandes occupations pour ne pas rester collée au fond de mon canapé. La perspective d’une embauche toujours aussi fictive m’a poussée à tenter ma chance pour arrondir les fins de mois en étant mon propre patron, car oui forcément rester à la maison et toucher une allocation baisse considérablement le niveau de vie. J’ai voulu me lancer dans une nouvelle aventure en constituant une auto-entreprise. Un rendez-vous auprès d’un chargé de mission d’économie sociale au sein de ma ville et un avec la chambre des métiers, le verdict négatif tombe, il me faut un diplôme très spécifique pour exercer l’activité souhaitée. J’ajoute un échec à ma liste. Aujourd’hui, cela fait 6 mois que je ne fais rien. Ma période d’euphorie du début, où je me réjouissais de pouvoir me lever quand je voulais, de me refaire toutes les saisons de Sex and The City, où je me projetais dans de multiples formations pour ajouter de la crédibilité à mon CV, s’amenuise et se meurt lentement. Après m’être inscrite dans le drôle de phénomène des « bômeurs », chômeurs actifs qui ne perçoivent pas cette période comme une fatalité mais plus comme un nouveau tremplin, le découragement commence à pointer le bout de son nez et ma conseillère Mission Locale me transmet continuellement des pistes  déconcertantes, en continuant de me balancer à gauche, à droite, vers moult interlocuteurs différents, sans aide véritable.


 


Chômeurs, chômeuses, je tenais à vous dire que nous ne sommes pas des assistés contrairement à l’opinion publique que nous pensons renvoyer, et même si parfois les étranges rouages du système nous poussent à le devenir (un comble !). Il faut également prendre conscience des limites de Pôle Emploi et donc se renseigner, s’orienter, se fixer des objectifs seuls et par nos propres initiatives pour mettre le plus de chance de notre côté et concrétiser un nouvel avenir professionnel. De surcroît, quand je constate que même Benetton a lancé une campagne de pub « employee of the year », c’est que le phénomène se répand et qu’il est nécessaire d’intégrer que nous ne sommes pas seuls responsables de cette situation.


 


Pour se sentir moins seul(e) et avoir un moment de procrastination amusante, un peu de lecture sur www.bomeur.tumblr.com


 


Article rédigé par La Mode Anonyme


 
 


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