Êtes-vous plutôt chat ou plutôt dodo ? BEAUTÉ

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Ou plutôt rhinocéros ? Ou peut-être bien girafe ?


 


Tous ces animaux, et bien d’autres, représentés par les artistes au fil des siècles, des modes et des intérêts, on les découvre dans l’exposition « Beauté animale » au Grand Palais à Paris jusqu’au 16 juillet.


 


Avant-hier (au XVIIIème siècle), on aimait les lévriers italiens et on promenait les civettes en laisse. On faisait faire le tour de l’Europe à Clara, le rhinocéros femelle, amenée de Ceylan à Rotterdam en 1741 et qui a vu de nombreux pays jusqu’à sa mort en 1758. Louis XV a même fait faire son portrait grandeur nature.
 




 


A la fin du XVIII siècle, les artistes ont profité de la création des ménageries et zoos pour dessiner et peindre les grands félins qu’ils replaçaient ensuite dans des décors d’extérieurs. Les félins avaient leur faveur car ce sont des animaux qui dorment beaucoup et qu’il est donc facile d’étudier.


 



Hier (au XIXème siècle), on adorait les chevaux, on les peignait, on les disséquait, on les photographiait. Degas, quand il n’allait pas au bordel, peignait les courses hippiques et modelait des chevaux en cire en analysant leurs mouvements grâce aux photographies d’Eadweard Muybridge. En 1887, au moyen de dix objectifs, Muybridge a pu fixer sur un négatif le déplacement au galop d’un cheval en décomposant les différentes positions du corps et des pattes – ce qu’il a appelé « les phases électro-photographiques des mouvements progressifs des animaux. Cette décomposition du galop ne peut être faite à l’œil nu. On voit sur ces photos que, contrairement aux représentations conventionnelles dites du « galop volant » d’un cheval au galop dans la peinture où aucune des pattes ne touche plus le sol, par exemple chez Géricault, grand amateur de chevaux, que jamais le cheval ne quitte complètement le sol.
 







 


Le Français Etienne Marey a fait des études analogues et on voit une étonnante sculpture d’un goéland à dix ailes qui montre le vol du goéland décomposé en dix mouvements.


On y voit le nouveau chouchou de mon blog : l’Alpaga, sculpté par Rembrandt Bugatti (1884-1916), grand sculpteur animalier et frère du constructeur automobile, Ettore, à qui il avait écrit : « sois rosse avec les hommes, gentil avec ta femme, Dieu avec tes enfants et bon pour les animaux… ». Bugatti s’est suicidé à 32 ans apparemment pour des raisons financières.
 





Rembrandt Bugatti, vers 1913. Musée d’Orsay, Paris


Source photo : www.nouvellefeuille.canalblog.com


 


Il y a beaucoup d’œuvres peu connues et leur rapprochement rend l’exposition extrêmement agréable à visiter : une chauve-souris de Van Gogh, une autre par César en métal récupéré, des crapauds de Picasso, des chats de Goya, de Bonnard et de Manet, une vache en fil de fer de Calder, des moutons par Henry Moore, une surprenante toile de bébés phoques qui ont certainement été peints morts sur un étal de pêche et non vivants sur une plage comme le montre la peinture… Et évidemment des dodos !
 







 


Ces dessins faits en 1603 et qu’on trouve sur le journal de bord d’un vaisseau de la Compagnie des Indes, le Gelderland, sont certainement la représentation la plus juste de cet animal dont on ne sait finalement pas grand-chose, même pas d’où vient son nom.


 


Les Anglais l’utilisent dans deux expressions amusantes : « dead as a dodo » (totalement mort) et « to go the way of dodo » (s’éteindre, disparaître, littéralement « suivre le chemin du dodo », source : Wikipedia). Le dodo a évidemment été utilisé dans « Alice au Pays des Merveilles » de Lewis Carroll mais aussi dans cette formidable série des Thursday Next par Jasper Fforde*, écrivain anglais qui plonge ses personnages dans le monde des livres. Thursday Next, l’héroïne, est une sorte de flic de la littérature. Elle a comme animal familier un dodo cloné, Pickwick (référence à Dickens) qui va s’avérer être une femelle qui finit par pondre un œuf.


 


La scénographie aérée de l’exposition est particulièrement réussie. Les couleurs mates (vert, orangé, violet) des murs mettent bien les oeuvre en valeur. Les cartels sont détaillés et lisibles, on a souvent le nom latin de l’animal représenté et une indication de l’état de l’espère (menacée, en voie de disparition).


 


A voir absolument en famille, grands et petits y trouveront leur bonheur.


Grand Palais, Paris.


Tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 20h. Nocturne le mercredi jusqu’à 22h


 


* Les livres de Jasper Fforde sont traduits en français. Le premier est « l’affaire Jane Eyre », j’aurai l’occasion d’en reparler mais je le recommande fortement à tout amoureux de la littérature. Les couvertures anglaises sont superbes avec un genre faussement vieilli.
 





 




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