Il y a un moment plus ou moins long où l’on croit au Père Noël. C’est d’ailleurs plus ou moins loin.
On croit que c’est lui qui apporte tous les beaux joujoux dont on a rêvé… tout ça, tout ça ! Et puis, un jour, on n’y croit plus. D’abord parce que Nathalie et Sylvie et les autres filles de la classe nous ont dit que le Père Noël, c’est des histoires pour les gosses (bon, vu qu’on a 7 ans et demi, on se sent un peu concernée quand même).
Alors, on mène une enquête de dingue. On devient un vrai Christmas profiler. On voit les baskets sous le déguisement du père Noël du supermarché. On voit les lunettes sans verres. On voit la fausse barbe. On doute…
Et puis, un soir, on descend chercher une bouteille d’eau à la cave. En vrai, comme on a 7 ans et demi, on n’aime pas trop descendre à la cave… Mais vu que c’est bientôt Noël et qu’on nous dit que si on ne file pas un coup de main, le Père Noël qui voit tout ne nous apportera aucun cadeau.
Et là, dans la cave, sur les étagères, entre les cartons de fringues trop petites et les jouets de plage, on voit un petit morceau d’emballage du jeu Docteur Maboul qui est sur notre liste au Père Noël. Et on comprend. On voit, alors, on ne croit plus.
D’un coup, on devient super volontaire pour aller chercher les bouteilles d’eau. Et on voit, on voit… tous les cadeaux de Noël.
Et puis, on devient maman. On ne veut pas mentir, mais on joue le jeu. On joue à croire. Et on planque les cadeaux à la cave…
Et puis les enfants grandissent Alors, les questions commencent. On élude, on louvoie. Parce que dans le fond, l’idée que ce soit un peu magique, ça nous plaît un peu plus que le concept uniquement mercantile.
Et puis, un matin au petit déj’ on entend notre cadette de 7 ans dire :
- Ben moi, pour Noël, je ne demande que des gros cadeaux.
Avaler sa cracotte de travers.
- Euh… Pourquoi ?
- Ben, parce que, vu que c’est le Père Noël qui s’occupe des cadeaux, ça ne vous coûte rien, alors, j’en profite.
Se perdre dans une explication vaseuse sur le budget du Père Noël, la crise des subprimes et le panier de la ménagère des lutins…
Voir l’œil perplexe de ses enfants. Puis, l’aînée reprend : ouais, mais, par exemple, si ça dépasse le budget, vous pouvez envoyer un chèque au Père Noël pour compléter, comme ça, ça partage, et c’est pas trop cher pour vous.
Refuser complètement de partir dans des négociations de bouts de cadeaux avec un gros bonhomme sénile qui se fringue comme un plouc et qui n’a même pas de voiture, le tout un jeudi de décembre à 7h32 en mangeant des cracottes.
Décréter que non, on se contentera d’une liste normale, et qu‘il y a plein d’enfants qui n’ont pas de cadeaux…
- Ouais, mais pourquoi le Père Noël, il ne distribue pas de cadeaux aux enfants pauvres, d’abord ?
- Bonne question ! Très bonne question… Mais euh…
Penser : pétard à mèche ! C’est vrai, ça d’abord, pourquoi ce vieux pingre ne file rien au gamins qui eux ont moins que rien, d’abord ? Dire : euh… mon poussin… Il fait ce qu’il peut, je suis sûre qu’il en donne à plein, plein d’enfants qui en ont besoin, mais que tu ne le sais pas… Tenter une diversion : tiens, t’irais chercher une bouteille d’eau à la cave ? (oups ! Non, pas la cave…)
Se ressaisir : euh, non, t’embête pas, je vais y aller. En profiter pour super bien planquer les cadeaux.
Remonter de la cave et entendre notre cadette dire : ben moi, je sais que le Père Noël existe parce que, sur la lettre, on écrit « cher Père Noël » et que s’il n’existait pas, on devrait mettre « cher autre chose », c’est bien la preuve qu’il existe.
Sourire. Se dire que pendant les trois semaines à venir, on va se coltiner d’aller chercher les bouteilles d’eau… mais que ça n’est pas bien grave.
Article rédigé par Marie-Poulette.
