Peur de toi BEAUTÉ

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J’allume une cigarette. Ma peur y prend feu, ma tête se jette dans l’oreiller. Je voudrais m’étouffer, et par mes cheveux, et par tant de goudron et par cette angoisse qui ronge petit à petit mon bas du ventre, et remonte, et remonte, comme une petite bête mesquine, bien trop fière de me faire vomir. Plus je cherche à fermer mes paupières, plus elles sursautent.


 



Je n’aurais pas dû le faire.



 


Je n’ai plus l’âge, plus l’habitude. Je n’ai pas connu de frissons amoureux depuis plusieurs mois. Qu’est-ce que je vais en faire, moi, s’ils surviennent ? Je vais en crever, je ne vois que ça.



 


Je tire sur ma cigarette, la musique n’est pas assez forte, le vent qui m’arrive de dehors, bien trop discret. Je voudrais être décoiffée, autrement que dérangée.


 



J’ai osé faire le premier pas, pire j’ose parler de pas comme si j’avais quinze ans. J’ai juste fait un pas dans le vide, vide dont je ne reviendrai peut-être jamais.


 



Et s’il accepte le rencard, et si, et si. Et si je dois m’y rendre, les doigts tremblants, les yeux fuyants, la parole plus très sûre et la trouille de l’après. Non, c’est trop pour moi. Ne plus contrôler ma respiration dans un coin de rue, à deux pas du café, chercher sa présence, le voir arriver et me donner un coup sur la tête pour affronter ce que je crois être le pire quand je rêve du meilleur.



 


Et si, et si, et si le rendez-vous se passe bien. Et si on rigole, qu’on se montre nos dents et nos cartes d’identités, si on discute des heures de nos jobs, nos projets, nos quartiers, nos réveils et nos soirées arrosées. Peut-être que le courant passera, que je ne regarderai ni sa bouche si sa main, peut-être que mes jambes trembleront et que le ciel me plantera là. Face à l’après rancard, que je déteste déjà d’ici.


 



Etouffe-moi, oreiller, étouffe-moi.



 


Et s’il me rappelle, et s’il me rappelle pas. Et si j’ai foiré mon coup. Et puis, qui ai-je été à ce moment-là ? Me suis-je montrée trop simple, trop folle, trop trop, trop caféinée, trop alcoolisée, trop affolée, trop peureuse, trop sûre de moi ? Qu’ai-je montré, caché, qu’ai-je osé qu’il ne fallait surtout pas faire, et qu’ai-je râté qu’il aurait fallu réussir ?


 



Merde, c’est trop pour moi. Toutes ces questions qui m’attendent, ces oreillers à épouser, ces clopes à avaler, juste parce que la trouille est tueuse. Du calme, s’il-vous-plaît, du calme. Ma tête explosera sans doute de trop de pression, de trop de flippes. Pourquoi lui ai-je proposé d’aller boire un verre si je suis déjà sûre de cracher le tout la prochaine nuit ?


 



Non, je ne suis vraiment plus faite pour le frisson amoureux.


 


Article rédigé par Ovary




 
 


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