La musique et moi, c’est une vieille histoire d’amour. Dans ma famille, c’est quasi obligatoire. Tout le monde a son morceau, son artiste, son concert préférés. C’est vital.
En naissant, mes parents étaient déjà plongés dans la musique et chantonnaient tout le temps (surtout ma mère). Ils avaient grandi dans les années soixante et, donc, avec les références suivantes : The Beatles, The Rolling Stones, The Kinks, The Beach Boys, les Yéyés. Bref, que du lourd (pour les quatre premiers).
Pas étonnant que ma berceuse fût « God Only Knows » de The Beach Boys et que, même maintenant, cette chanson me tire des larmes et une nostalgie à couper au couteau.
Dans les années soixante-dix, ils ont évolué vers le disco, les variétés françaises et ont ajouté, quand même, d’autres groupes de références (The Door, The Specials, Madness, The Sex Pistols, The Police). J’ai donc ingurgité ces groupes tout en écoutant avec mes grands-parents les classiques français, anglais et américains des années vingt à quarante ainsi que du classique et des opérettes (Ah ! Les Trois de la Marine !).
Je hurlais « Our House » ou « God Save the Queen » régulièrement dans ma chambre tout en chorégraphiant Cloclo sur « Alexandrie, Alexandra » (oui, référence ultime des petites filles de l’époque !).
Je n’ai pas une culture musicale immense (je n’ai jamais appris à jouer d’un seul instrument, un comble !) mais elle est, sans aucun doute, éclectique. Jusqu’à mes onze ans, j’ai été baignée dans la musique parentale sans trop me poser de questions sur mes goûts propres.
Mais deux rencontres auditives ont changé ma vision de musique : Depeche Mode et Duran Duran.
Oh, je vous entends d’ici « Duran Duran, la honte, ma pauvre fille ! ». Pensez-vous ! C’était hyper tendance au début des années quatre-vingts !
Reprenons ! Quand j’ai entendu Depeche Mode (version Vince Clark/Martin Gore à la création), j’ai défailli. C’était tellement ce que je voulais entendre. Duran Duran a enfoncé le clou avec son « Girls on Film » et « Rio » a fait éclater les dernières barrières.
J’ai plongé dans la « fanitude Duranesque » (oui, oui, il y avait un terme pour désigner les fans des Duran. Notez bien… « Des Duran »).
La période New Wave a duré presque toute la décennie au grand dam de mes parents qui ont vu leur fille se transformer en clone de Morticia Adams avec des petits copains ressemblant vaguement – ou pas – à Robert Smith (The Cure), John Taylor (Duran Duran) ou Dave Gahan (Depeche Mode) ou en fin de décennie à River Phoenix.
Je faisais partie d’une grande famille de fans en tous genres qui rassemblent ceux d’Etienne Daho, Indochine (déjà), Max Valentin, les Innocents en passant, principalement, par les groupes anglo-saxons. Il y avait des fanbooks (petit livret où tout le monde mettait son nom, son adresse et ses préférences et l’envoyait à ses contacts pour faire une chaîne). J’appartenais à deux « familles » : celle des Duran qui s’est vite entremêlée avec celle des fans de mode (et ainsi des collecteurs des supermodels). C’était une belle époque d’insouciance et d’engraissement de La Poste (timbres, enveloppes, paquets, etc.). J’ai dû fournir du travail au bureau de poste de mon quartier pendant des années (à raison de dix lettres par jour et autant à l’envoi… voyez un peu la démesure et l’argent dépensé !).
Mais je ne regrette rien. J’ai touché du doigt l’internationalité de l’univers et j’ai connu des amis très chers à cette époque qui sont toujours là, proches et fidèles.
Mais l’insouciance n’a qu’un temps. Je me disais que je ne pouvais pas suivre un groupe comme Duran Duran après leur « Big Thing ». Cela ne correspondait plus avec ce que mon oreille aimait désormais. J’aimais découvrir, grâce à un copain américain, le rock alternatif de R.E.M. et la voix sublime de Michael Stipe. A ce moment-là, j’ai basculé du côté rock de la pop. J’ai abandonné mes Duraniques pour une autre planète.
Puis, au printemps 1990, j’ai reçu une cassette audio (oui, oui, audio !) que mon petit copain de l’époque m’envoyait régulièrement en compilant les titres d’Outre-Manche qu’il aimait ou avait entendus dans les concerts auxquels il se rendait hebdomadairement. Sur l’une d’entre elles, une voix et un son de guitare m’ont bouleversée (pour la petite histoire, le morceau s’appelle (ait) « She’s So High »).
Comment l’expliquer ? Cela ne fut même pas clair à l’époque. J’ai attrapé le téléphone familial (au risque de faire exploser la note mensuelle … oui, l’illimité n’existait pas !) et je lui ai demandé qui était ce groupe. Il a dû galérer deux bonnes semaines (pendant lesquelles je le harcelais !) pour retomber par hasard sur le groupe en question en concert. Il m’a annoncé un tonitruant « Le chanteur est un petit con prétentieux, bourré mais beau gosse » et le nom du groupe « Blur ». Cela en était fini de ma tranquillité musicale (et mentale). J’étais « amoureuse » du son. Et quand je les ai vus sur scène quelques semaines plus tard, j’ai décrété « C’est le groupe de ma vie ». Mon copain était mort de rire et s’est gaussé pendant des mois, jusqu’à ce que le « petit groupe de minets » (comme il les surnommait) explose en Angleterre et enchaîne les albums, tournées, singles et j’en passe.
Au mois de juin dernier, j’ai fêté mon vingt-deuxième anniversaire d’amour blurien. Blur a survécu dans mon petit cœur, pas mon mec de l’époque !
En marge, j’ai toujours écouté d’autres groupes, chanteurs avec une tendresse particulière pour Nada Surf que j’ai découvert, comme tout le monde, avec « Popular », mais qui vaut mieux que ce titre populaire (jeu de mots idiot).
En 2006, en surfant sur MySpace, mes petites oreilles chercheuses sont tombées en arrêt sur le son et la voix d’un groupe qui était diffusé par ses fans. Leur nom m’a plu tout de suite : Arctic Monkeys. Leur allure ? Aucune idée pendant des mois. J’aimais leur son, le phrasé du chanteur et leurs titres survitaminés. Deuxième coup de cœur en moins de quarante d’existence sur la planète Terre.
Depuis cette date, j’alterne l’hystérie blurienne et celle sur Arctic Monkeys, sans me limiter aux autres parutions.
Pourtant, je peux le dire aujourd’hui, Blur et Arctic Monkeys sont les deux groupes les plus importants de ma vie. Eux seuls arrivent à me rendre heureuse, triste, euphorique, débile (quand j’écoute un morceau en boucle pendant des semaines jusqu’à l’écœurement !) et sereine.
La musique, la musique, la musique… Quand elle est bonne, bien sûr ! Merci donc à Brian Wilson, Johnny Cash, Claude François, Dave Gahan, Martin Lee Gore, Simon Le Bon, Etienne Daho, et Michael Stipe.
Un énorme et respectueux merci (avec plein de bisous autour) pour Damon Albarn, Graham Coxon et Alex Turner.
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