Coupable de désertion sentimentale : une peine à perpétuité ? BEAUTÉ

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Ne regarde pas ton téléphone. Pfff… J’ai dit non. Grrr… Non ! Et merde, j’ai craqué… encore.


 


Je scrute fiévreusement ce putain d’écran toutes les deux minutes en espérant recevoir de ses nouvelles. Mais rien de rien, le silence total et le mystère entier. Le seul texto que j’ai reçu aujourd’hui est celui de ma meilleure amie me demandant si j’allais bien et si j’avais envie d’aller boire un verre plus tard. Et bien, NON, JE NE VAIS PAS BIEN, ET NON, JE N’AI PAS ENVIE D’ALLER BOIRE UN VERRE ! Je suis dans le mal et je me trouve très bien là où je suis. Ben quoi, je le mérite, non ? Je n’aurais pas dû le quitter.


 


Après m’être tapée le petit jeunot en première année de fac de droit habitant la porte en face, le rasta quarantenaire écolo de mon village d’enfance, et mon ancien partenaire de scène de l’atelier théâtre d’il y a 10 ans (il avait toujours, je précise, cette même petite gueule d’ange qui faisait palpiter mon cœur vulnérable d’adolescente en découverte de sensations fortes), je me retrouve seule dans mon lit à compter les crottes de mouche qui constellent le plafond nu et blafard de ma chambre. Ca y est, je déprime, il me manque. Dire qu’il y trois semaines encore, mon matelas – une place de ma modeste chambre étudiante accueillait (à bras ouverts s’il avait pu) un deuxième radiateur de chair humaine qui venait parfaitement épouser les formes de mon corps tel un oreiller ergonomique. Etre avec lui, c’était comme un job à plein temps duquel il est impossible de décrocher, tant l’emprise qu’il exerce est inextricable. Pourtant, d’un coup d’un seul, je l’ai viré de ma vie pour des raisons qui m’échappent encore.  Il semblerait que l’auto-sabotage en amour soit ma marque de fabrique. Juste quand on commençait à être heureux, à envisager de déménager ensemble dans un nouvel appartement et à aborder la question fatidique des prénoms que l’on donnerait à nos enfants  – car, « oui, mon bébé, je trouve que tu ferais une maman formidable » – je le lâche, je prends mes jambes à mon cou et je détale sans demander mon reste, pas un seul regard en arrière. Serais-je une démissionnaire de l’amour ? Serais-je atteinte du syndrome, exclusivement masculin me semblait-il, de la peur de l’engagement ?


 


Ce n’est effectivement pas la première fois que ça m’arrive. C’est un scénario répétitif, qui tourne en boucle depuis quelques années déjà et je n’en sors pas de ce cercle vicieux, du style : Amoureuse. Check (enfin, je crois).  D’un homme : charmant. Check. Compréhensif. Check. Mignon. Check. Bon au lit. Double-check. Que tes parents et amis apprécient. Half-check… Oui, bon, on ne peut pas plaire à tout le monde et l’essentiel est bien qu’il me plaise à moi, non ? En tout cas, je vire l’autre de ma vie dès que la possibilité d’établir quelque chose de durable pointe le bout de son nez. Puis, je me prostitue (façon de parler, hein) avec la moitié de la ville pour oublier jusqu’à son existence. Et enfin, dernière étape de la pathétique déchéance qui s’abat sans pitié sur mon sort, je pleure toutes les larmes de mon corps, en position fœtale sur ce fameux matelas, pour qu’il revienne. Et j’ai crié, criééééé… non, mais presque.


 


Il faut alors attendre que survienne la douloureuse mais purgative descente au cours de laquelle tout le best-of de vos moments de merde te revient en tête, que tu t’exclames d’indignation face à tant d’incompréhension mutuelle, pour qu’enfin ton esprit passe le seuil de l’acceptation et élabore la réaction adéquate, du genre, « pfff j’ai bien fait de quitter ce con, je suis mille fois mieux toute seule ». Là, et seulement là, tu es alors en mesure d’apprécier tes décisions en matière de rupture sentimentale et de faire la paix avec le toi blessé qui t’en veut encore de l’avoir privé de son sex-toy humain préféré et des chaleureux câlinous  qui l’accompagnent.


 


Le bilan de toute cette histoire est alors bien plus positif que tu ne l’auras imaginé, et ce malgré toi. Alors, démissionnaire de l’amour ou auto-sabotrice invétérée, vraiment ? Non, tout au plus une réaliste qui ne se satisfera de sa relation de couple que lorsqu’elle sera persuadée au plus profond d’elle-même que l’homme qui partage son matelas-une place partagera également sa vie. Si elle veut bien croire que l’âme sœur existe…


 


Article rédigé par Erin Ailene





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