Célib à terre BEAUTÉ

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Le célib à terre est un célibataire très spécial. On a joué avec lui comme un chat jouerait avec une souris avant de l’engloutir, on l’a dégommé, piétiné, jeté à terre. Le célib à terre choisit mal ou est mal choisi. Encore et encore. Jusqu’à ce qu’à ce que son cœur se retrouve à pourrir six pieds sous terre. Trop cabossé, toujours au même endroit, le célib à terre est en attente d’un don d’organe : un cœur neuf, sans mémoire, sans histoire, sans déboires. Un espoir vain d’effacement d’ardoise, de remise à zéro des compteurs de bleus. Si seulement une âme sœur pouvait débouler de nulle part et chasser, solide et déterminée, l’armée de vieux démons qui marchent sur ses talons. Il se fourre le poing dans l’œil : l’âme sœur se la coulera douce tant qu’il n’aura pas lui-même entassé son passé tout noueux dans une bouteille qu’il flanquera à la mer.


 


Le célib à terre n’a rien déniché de mieux que la solution homme sandwich. Armure devant, armure derrière. Il s’approche à pas de loup avec coudières et casque, se jette à l’eau avec une bouée, se ravise à grandes enjambées. Elle a beau ne pas avoir le visage goguenard de la brise-cœur, il s’agrippe à ses protections, pour lui empêcher de les lui ôter. Ce qu’il craint le plus, c’est la nudité, cette terrible vulnérabilité du trop dévoilé. Alors, pour s’octroyer l’illusion d’avancer il chante : « trois pas en avant, trois pas en arrière, trois pas sur le côté, trois pas de l’autre côté ». Amour, amourette, amour et boule de gomme. Je ne trouve plus mon cœur ma belle, on l’a déjà jeté mille fois dans la poubelle. Sais-tu ouvrir une huître, mademoiselle ?


 


Consumé par sa peur bleue qui voile tout ciel bleu, le célib à terre tente d’entrouvrir les yeux, de déchiffrer par le toucher, d’écouter, guettant la fausse note. Vrai sourire, sourire en toc ? Baiser donné, baiser intéressé ? Paroles en or, paroles en l’air ? Dis-moi ma belle, es-tu belle à l’intérieur ? Je voudrais tant baisser la garde, me débarrasser de mon armure, cesser d’affûter mon couteau. Ignorer les battements de son cœur enfoui six pieds sous terre ou le déterrer délicatement un beau jour pour panser ses plaies en binôme, voilà le grand dilemme du célib à terre.


 


Article rédigé par Petite Voix Off



 
 


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