Les violences faites aux femmes, ce qui doit changer BEAUTÉ

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Le week-end dernier, ma voisine a été battue par son petit ami. Voilà, la violence faite aux femmes, ça n’arrive pas qu’aux autres, ça peut arriver à votre voisine, un vendredi soir.


 


On a dû emmener cette jeune femme, ailleurs, loin. Elle a dû s’enfuir, et lui, il est resté CHEZ ELLE,  avec ses amis, légitimé de fait dans sa violence.


 


Alors, j’ai eu envie de vomir, encore.


 


Il y a cinq ans, j’ai été violée. Voilà, la violence faite aux femmes, ça n’arrive pas qu’aux autres, ça peut vous arriver à vous, un dimanche  matin.


 


Trop, c’est trop.


 


Comprenez-moi bien : je ne suis pas un porte drapeau, je ne le serai jamais. Mon agression, ce n’est pas ce qui me définit, plutôt crever. Il est hors de question que je m’enferme dans mon statut de victime mais, aujourd’hui,  j’ai envie d’en parler parce que je suis en colère, contre tout et tout le monde :


 


Contre la société et sa schizophrénie qui veut qu’en théorie, on condamne fermement les violences faites aux femmes mais qu’en pratique, on se retrouve tous trop souvent démunis : les victimes, leur entourage, les médecins et les policiers.


 


Contre ceux qui jettent un mouchoir sur le problème, qui ne veulent pas comprendre qu’on n’a pas le droit de demander à cette jeune fille, sous le choc, de se calmer ni de la pousser à arranger les choses. Ceux qui croient que ce n’est pas si grave que ça, qu’il n’y a pas eu mort d’homme. Détrompez-vous et ouvrez les yeux : si elle repart avec lui, elle va crever. Et même si elle ne meurt pas sous les coups, elle va crever mentalement parce qu’elle aura accepté l’inacceptable.


 


Contre les amis de ce type. L’amitié est un beau sentiment mais parfois, il faut savoir s’asseoir dessus. Non, ce n’est pas parce qu’il est sans emploi qu’il l’a frappée.  Et quand bien même, on s’en fiche de la raison : il l’a fait, c’est inexcusable, c’est tout et ça ne change rien que vous ayez grandi avec lui ou non.


 


Je voudrais qu’on se rende compte qu’il est beaucoup question de violences faites aux femmes dans notre société mais qu’on en parle mal et pour de mauvaises raisons. On en parle avec la bouche pleine de préjugés et pour se donner bonne conscience, pour se dire qu’on est une société évoluée. Je ne blâme personne, peut-être que j’agirais de même si je n’avais pas été agressée.


 


Il n’empêche qu’un jour, il va falloir s’attaquer au nœud du problème plutôt que de se bercer d’illusions parce que chaque jour, ce sont de nouvelles femmes qui sont victimes d’agressions alors les campagnes de sensibilisation, c’est un premier pas, mais ce n’est pas suffisant. La prochaine étape consisterait peut-être à changer les mentalités.


 


La victime, elle est gentille, elle se tait :


 


Réfléchissez bien, à quelle occasion entendez-vous les femmes victimes de violences s’exprimer ? Dans les émissions de télé racoleuses où, bien souvent, on sombre dans le sensationnel et le détail croustillant pour émoustiller l’audience. Autrement dit, on ne fait pas avancer le débat.


 


A plusieurs reprises, je me suis retrouvée avec des amis qui parlaient de viol. A chaque fois que j’ai voulu apporter mon point de vue en précisant que j’avais été victime, je me suis heurtée à un mur soit d’incompréhension, soit de gêne.  Pourquoi ?


 


Parce que la femme qui a été victime de violence, elle est porteuse d’une réalité dérangeante :  Alors, ça existe vraiment ?  Oui, l’homme peut être une bête, et cette fille que vous connaissez en est la preuve. Jusqu’à maintenant, les violences faites aux femmes, vous les fantasmiez, c’était un truc grave mais lointain. Maintenant, c’est un truc sordide qui s’est passé dans votre entourage  et ça, c’est dur à avaler ; tellement dur que parfois, on préfère ne pas l’encaisser du tout.


 


L’enfer, c’est les autres : (trop) souvent, la première réaction face à une femme qui a été victime, c’est le rejet, la suspicion, le scepticisme et ça, il faut que ça change. Il le faut parce qu’une femme qui a été victime de violences passe toujours par une phase de culpabilité où elle-même, elle se dit qu’elle l’a bien cherché, que c’était de sa faute, parce que c’est plus acceptable que de se dire qu’en fait, elle était juste au mauvais endroit, au mauvais moment. Or, c’est cela qu’il faut qu’on apprenne tous ensemble à accepter.


 


C’est dur à accepter parce que ça traduit la monstruosité de la situation mais voilà, il n’y a pas de raison à la violence. Non, une femme ne le cherche pas. Aucune femme ne mérite d’être violentée. Quand c’est non, c’est non et la taille de la mini jupe, le degré d’alcool dans le sang, le fait qu’elle ait trompé son conjoint ou que sais-je encore ne sont pas des excuses. La violence est inexcusable, point. 


 


Ce n’est pas seulement une douleur physique, vous savez : c’est une rupture, un choc, une vie qui ne sera jamais plus la même. Il faut se battre comme une lionne après ça, contre la peur, contre la haine, contre soi-même. Tout faire pour que ce qui s’est passé ce jour-là influe le moins possible sur le reste de votre vie : Non, je ne suis pas foutue, non il ne gagnera pas.


 


Alors, aux sceptiques qui pensent que je m’en sors bien, je voudrais dire qu’une femme qui a été victime de violence  n’a pas à se justifier d’être debout et d’avoir la tête haute. Elle n’a pas à faire l’inventaire de toutes les petites fêlures qui lui restent (car il lui en reste)  pour apporter la preuve qu’elle a réellement vécu un traumatisme. On a le droit de s’en sortir, une femme qui a été violentée n’est pas forcément un légume qui ne sourit plus.


Enfin, il faut également se rendre compte que la violence faite aux femmes ne se passe pas seulement de nuit, dans un parking sordide, il faut briser cette idée erronée.  Dans la majorité des cas, c’est dans le cercle privé que la violence émerge car la victime connait son agresseur.  Et ça, c’est une vérité dérangeante parce que ça veut dire qu’il peut également être un collègue de bureau, un ami, un mari, un voisin… bref il peut être monsieur tout le monde, peut-être même que vous le côtoyez.


 


Les femmes victimes de violences ne sont pas en porcelaine, elles ne vont pas se briser et se fêler sous le poids des mots. Oui, vous allez certainement faire une bourde, dire un truc qui les choque parce que, je vous l’accorde, le sujet est hyper sensible et les préjugés ont vraiment la peau dure. Mais ce n’est pas grave, on a le droit d’échanger sur ces questions et,  plus qu’un droit, ça devient, aujourd’hui, une nécessité.


 


Le problème c’est que les cercles de paroles sont  cloisonnés : les victimes  parlent entre victimes, les non victimes parlent entre non victimes. Pourtant, c’est tous ensemble qu’on fera avancer les choses.


 


Article rédigé par The Girl On The Bridge.


 


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