Dès les premiers jours qui ont suivi mon arrivée en Chine, j’ai pu constater un étrange phénomène qui se produisait partout et à toute heure : dans le métro, les magasins, les restaurants, les boîtes de nuit et, plus généralement, dans la rue.
J’étais pas mal perturbée et je me posais beaucoup de questions métaphysiques du genre : Pourquoi, ô mais pourquoi ?< Comment, ô mais comment ? Ou, plus trivialement, WTF ? J’avoue avoir vécu plusieurs nuits blanches, rongée par le doute et l’incompréhension : les chinois parlaient à leur téléphone, partout et tout le temps. Comprenez moi bien, ils ne parlaient pas dans le combiné ou dans l’oreillette, comme toute personne normalement constituée qui est en pleine conversation téléphonique. Non, eux, ils tenaient leur téléphone juste sous les lèvres, un peu comme la barre chocolatée hyper saturée de glucides, le fruit qu’on s’apprête à dévorer.
Mais que se passait-il ?
Est-ce qu’ils utilisaient encore tous la fonctionnalité « dictaphone », celle qui est là pour donner une petite touche rétro-vintage à ton smartphone mais qui, à part ça, ne sert à rien ? Est-ce qu’ils étaient tous accro à Siri ? Etait-ce donc cela le secret pour enfin obtenir ce qu’on voulait vraiment de Siri : lui parler en chinois ? (Je ne sais pas vous mais moi, je n’arrive jamais à rien avec ce fichu truc).
Après deux semaines dans le flou total, c’en était trop : il fallait que je découvre ce qui se tramait dans l’empire du milieu. J’ai donc mené ma petite enquête, c’est-à-dire que j’ai fini par exploser et demander à un ami chinois : « c’est quoi votre problème avec les portables à la fin !? ». L’explication est toute simple et, franchement cool : Wechat.
Vous connaissez WhatsApp, Tweeter, Facebook, Skype et Instagram ? Et bien Wechat, c’est un peu tout ça à la fois.
C’est une application de dingue qui permet d’envoyer des messages à vos contacts partout dans le monde et en passant par le wifi ou la 3G… mouais bof, déjà vu vous me direz. Là où ça devient intéressant, c’est que ces messages ne sont pas seulement du texte. On peut également envoyer des photos, des vidéos, et, des messages vocaux : plus rapide et plus fun qu’un message texte.
Et voilà, le mystère était résolu : les chinois n’étaient pas en grande conversation avec Siri à cause d’une sombre histoire de liste de courses ou de message à envoyer à tata Berte (enfin tata Xiao Ting plutôt). Non, ils étaient en pleine conversation avec leurs amis, voire leur boss. Parce que Wechat est tellement populaire ici qu’il est courant d’avoir son boss dans ses contacts.
La coolitude de l’application ne s’arrête pas là puisqu’elle a encore deux autres points forts. D’abord, on peut s’appeler en visioconférence ou créer des groupes de discussion, plutôt sympa. Ensuite, chaque utilisateur a un profil avec sa photo, une photo de couverture et un mur (tiens, ça ne vous rappelle rien… ?) où il peut poster des « moments » et les commenter ou commenter ceux des autres. Cerise sur le gâteau : un florilège d’emoji trop cute parce qu’on est en Chine et, des filtres sympas pour retoucher vos photos.
Il faut quand même que je vous avoue, pour être complète sur le sujet, que quelqu’un m’a dit que le gouvernement chinois pouvait lire nos messages et nous espionner. Info ou intox ? Franchement, je n’en sais rien. Dans tous les cas, le français il y a peu de chinois qui le comprenne et ensuite, je pense que Xi Jinping à autre chose à faire que de s’intéresser à vos sextos ou autres conversations entre copines. Si vous ne planifiez pas de faire sauter la place Tiananmen, vous êtes safe donc. Et puis enfin, pour l’anecdote, ma source m’avait déjà dit que parfois « ils » nous observaient à travers les webcams de nos ordinateurs… Hum hum, en voila un qui a trop lu 1984.
Il paraît que Wechat n’est pas du tout connu en Europe et je trouve ça dommage car cette application, gratuite, vaut vraiment le détour. Alors, si vous avez un iPhone ou un smartphone Android, n’hésitez plus, faites quelque chose de punk et, téléchargez Wechat !
Article rédigé par The Girl On The Bridge.
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